Plus de six mois après sa réouverture, la maternité du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Benbadis de Constantine, rénovée après une fermeture temporaire, est à nouveau confrontée au transfert «abusif» de parturientes provenant des wilayas limitrophes. Avec un toilettage en profondeur, des façades neuves, refaites avec des matériaux modernes, le service de gynécologie obstétrique contraste superbement avec les autres bâtiments du CHU qui paraissent, du coup, bien vétustes. Réalisés pour un montant de 400 millions de DA, les travaux de rénovation ont, certes, offert une «seconde naissance» à de nombreux segments de ce service, notamment le bloc opératoire, l'unité de grossesse à haut risque et les salles d'accouchement, mais «dopé» également les transferts des femmes enceintes hors wilaya. Satisfait du «bain de jouvence» dont a bénéficié la maternité, Kamel Benyassaâd, le directeur général du CHU Benbadis, a qualifié cette nouvelle structure de «bijou», tout en regrettant les transferts «encore plus massifs» de parturientes venant de 15 wilayas de l'Est, en particulier de Mila et Jijel. Qualifiant cette situation «d'insoutenable», il affirme avoir saisi les autorités compétentes et exhorté les responsables du secteur de la santé des wilayas voisines à «prendre leurs responsabilités», en maintenant les parturientes au niveau de leurs structures, lesquelles sont dotées, selon lui, des moyens humains nécessaires. Abondant dans le même sens, Laïd Benkhdim, le directeur de la santé (DSP) de la wilaya, a souligné que les responsables de la santé des wilayas voisines n'ont pris aucune mesure pour mettre un terme aux transferts abusifs et ce, en dépit des instructions du ministère de la Santé. Entre 1 200 à 1 300 naissances par mois D'une capacité de 112 lits précédemment, la maternité est passée à 180 lits, en plus d'un bloc opératoire disposant de 4 salles de chirurgie, deux salles de consultations d'urgence et une consultation polyvalente assurant entre 100 à 300 consultations par jour. Jugeant ce nombre considérable, le Dr Lahmar Manar, médecin-chef, déplore que le service de gynécologie-obstétrique soit à nouveau «assailli par des parturientes venues des wilayas limitrophes, dont 70% originaires de Mila», engendrant une forte pression sur les personnels médical et paramédical. Depuis sa réouverture, ce service enregistre entre 1 200 à 1 300 naissances par mois, dont 30% par césarienne. Selon cette même source, il arrive souvent que les lits soient de nouveau partagés par deux accouchées, comme c'était le cas avant la fermeture de la maternité et ce, en dépit de l'accroissement de sa capacité d'accueil, faisant savoir que «le nombre de naissances n'est pas descendu en dessous de 1 000 mensuellement depuis plusieurs mois». Face à cette situation, les personnels médical et paramédical de ce service avouent être dépassés. A raison de 17 sages-femmes en salle d'accouchement, 11 dans la salle des grossesses à haut risque (GHR), 8 pour les suites de couches, 2 pour les consultations polyvalentes et 11 pour les consultations d'urgence, le service de maternité connaîtra prochainement une «hémorragie», à cause des départs à la retraite de plusieurs sages-femmes. D'où la crainte de voir à nouveau le service «retomber dans ses travers» et revenir à la case de départ.