Le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, a estimé hier que les récentes prévisions du FMI et de la Banque mondiale sur la croissance de l'économie algérienne «ne sont pas très réalistes». Pour Hadji Baba Ammi, «les prévisions du FMI et de la BM ne sont pas très réalistes parce qu'elles ne tiennent pas compte de l'ensemble de la réalité économique du pays». Cité par l'APS, le ministre s'est exprimé à l'issue de sa participation aux réunions de printemps de ces deux institutions financières multilatérales. Le premier argentier du pays a expliqué que ces prévisions étaient basées sur une réduction des dépenses d'équipements, un des moteurs de la croissance de l'économie en Algérie, alors que le niveau de ces dépenses va se maintenir à un niveau élevé en 2017 et pour les trois années qui vont suivre. Chiffres à l'appui, le ministre a précisé que les dépenses d'équipements ont augmenté de 2500 milliards de dinars (mds DA) en 2014 à 3100 mds DA en 2015 et ont légèrement reculé à 2800 mds DA en 2016. Il est aussi important de souligner, a poursuivi le ministre, que les effets des dépenses de 2016 en termes de croissance devraient se poursuivre en 2017, en ajoutant que ce niveau élevé de dépenses donnait aux entreprises un plan de charge suffisant qui leur permettra de continuer à travailler et à créer de la richesse. En conséquence, la commande publique va rester à un niveau élevé de 2300 mds DA pour les trois prochaines années, a-t-il relevé. Le ministre a indiqué avoir discuté à Washington de ses prévisions avec les spécialistes de la BM qui ont confirmé qu'effectivement, «l'effet des dépenses d'équipements consentis en 2016 va se poursuivre cette année». Le ministre a tenu à préciser, à ce titre, que «la dépense publique est un moteur de croissance, mais il n'est pas le seul» en Algérie où le financement bancaire contribue également à la croissance de l'économie. M. Baba Ammi a noté que les crédits à l'économie, dont 70% sont des financements destinés à l'investissement, ont augmenté de 16% en 2016. Il n'a pas écarté une baisse de la croissance du fait de l'ajustement budgétaire opéré à moyen terme, mais «pas autant» que ce que prédisent les deux institutions de Bretton Woods. Le FMI a récemment abaissé ses prévisions de croissance pour l'Algérie à 1,4% en 2017 et à 0,6% en 2018 après un rebond de 4,2% en 2016, alors que la BM a tablé sur des projections de 1,5% en 2017 et 0,6% en 2018. Le ministre a tenu à expliquer que les réductions du déficit public attendues à moyen terme sont aussi le résultat d'une nouvelle réorientation des ressources financières sur le marché qui va permettre aux entreprises de capter plus de financements bancaires pour leur développement. Il s'agit de réduire l'intervention du Trésor public sur le marché en laissant plus de ressources financières aux entreprises, a-t-il expliqué. «C'est en droite ligne avec le nouveau modèle de croissance qui va permettre aux entreprises de prendre le relais de la croissance, en leur donnant les moyens de leur développement. Il ne faut pas que l'Etat prenne une grande partie du financement bancaire», a-t-il dit. La réduction de l'intervention du Trésor public sur le marché devrait se traduire, par ailleurs, par une diminution de la dette interne, un autre point positif des nouvelles mesures mises en œuvre par le gouvernement dans le cadre de l'ajustement économique opéré après la chute des cours du pétrole. La BM tout comme le FMI ont estimé que l'Algérie était en mesure de réaliser des taux de croissance élevés pour peu qu'elle ne réduise pas beaucoup ses dépenses budgétaires et qu'elle s'oriente à l'endettement extérieur en cas de manque de ressources.