La visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avant-hier à Tamanrasset, a revêtu un cachet sécuritaire particulier dans cette wilaya frontalière du Sud et qui a tant souffert de la prolifération des groupes terroristes au nord du Mali. Deux revendications principales ont été formulées par les représentants de la société civile à l'occasion de la rencontre avec le Premier ministre à l'issue de sa visite. Il s'agit de l'ouverture des frontières pour faire face à la baisse de l'activité commerciale et de la facilitation de la venue des touristes étrangers dans la région. Or, la situation sécuritaire a imposé de fermer les frontières avec le Mali notamment, et de quadriller le secteur du tourisme. «La question sécuritaire est en tête des priorités en Algérie et il est de notre responsabilité à tous de veiller à la sécurité et à la stabilité du pays», a affirmé M. Sellal dans ses réponses aux intervenants. L'orateur a précisé, dans ce sens, que la fermeture des frontières Sud est dictée par les problèmes sécuritaires que vivent les pays voisins. «Nous sommes conscients que la fermeture des frontières a provoqué un recul de l'activité commerciale et touristique, mais par souci de préserver la sécurité et la stabilité du pays, nous sommes dans l'obligation de prendre cette décision», a-t-il indiqué, ajoutant que les mesures sécuritaires prises sont dans l'intérêt du pays. Pour étayer ses propos, M. Sellal a souligné que des groupes terroristes dangereux activent dans certains pays voisins, affirmant que l'Algérie fait l'objet de convoitises d'autres pays. Dans ce contexte, il a appelé à accepter certaines pressions et à ne pas négliger notre sécurité qui figure parmi les priorités du pays. A ceux qui ont demandé la «libération» de l'activité touristique et d'alléger les mesures sécuritaires autour d'elle, le Premier ministre a expliqué les risques que cela suppose. Il a exprimé les craintes du gouvernement de voir des touristes étrangers, venant au sud, tomber dans une embuscade des groupes armés. Et c'est l'image de l'Algérie qui est écornée et sa destination qui est boudée, a-t-il dit. Cela étant, il a affirmé que des mesures alternatives sont possibles et seront examinées. Il a cité, à titre d'exemple, la création de sociétés privées de sécurité pour escorter les touristes. L'hôte de la wilaya de Tamanrasset n'a pas manqué de rassurer sur les capacités du pays à faire face à toute menace, affirmant que l'Algérie a une armée très forte. Il en a voulu pour preuve l'attaque terroriste contre le complexe gazier de Tiguentourine (In Amenas) qui a démontré «la force de l'Algérie et sa capacité à faire face aux menaces». «C'est un message à tous les groupes terroristes dans le monde. Celui qui s'approche de nous, on l'exterminera avant qu'il ne nous extermine», a-t-il lancé. Tentatives de division Intervenant en pleine campagne électorale, le Premier ministre a profité de sa visite à Tamanrasset pour évoquer les élections législatives du 4 mai prochain. Il a indiqué que ces échéances «sont un nouveau jalon sur la voie de l'édification institutionnelle nationale». «Les prochaines élections législatives sont un pas en avant vers un lendemain prospère, et je demeure convaincu que les habitants de l'Ahaggar et de Tidikelt participeront en masse à cette échéance qui constituera un nouveau jalon sur la voie de l'édification institutionnelle nationale», a-t-il lancé, soulignant que l'optimisme de son gouvernement est «mesuré». Le Premier ministre a insisté sur l'unité nationale et celle du peuple algérien, affirmant que toutes les tentatives de le diviser ont échoué. Il a évoqué les tentatives d'opposer les Arabes aux Amazighs, les habitants du Nord et du Sud et ceux de l'Est et de l'Ouest, sans en citer les auteurs. «Les visites que j'ai eu à effectuer dans différentes wilayas du pays témoignent de l'unité de pensée et de la communauté de destin des Algériens. De l'Ahaggar à Tidikelt en passant par n'importe quelle autre wilaya, la mentalité est la même et la manière d'exprimer les revendications et les préoccupations est identique», a-t-il dit. Plusieurs projets inaugurés Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en visite de travail et d'inspection avant-hier dans la wilaya de Tamanrasset et la wilaya déléguée d'In Salah, a inspecté plusieurs projets et en a inauguré d'autres. Ainsi, il a lancé l'usine de traitement de gaz dans la zone de Hassi-Moumène (43 km d'In-Salah). Fruit d'un partenariat entre l'entreprise Sonatrach et ISG-Petrofac, cette installation énergétique offre une capacité de production de 14 millions m3. Sur site, le Premier ministre a mis l'accent sur la nécessité d'accroître la production de gaz et de se défaire de la conception classique de l'industrie gazière, portant sur le pompage-exportation, pour s'orienter vers une nouvelle vision de l'industrie pétrochimique. Une vision qui permettra de ne plus s'appuyer sur l'exportation de gaz comme matière brute, mais sur une industrie pétrochimique «porteuse de valeur ajoutée», a expliqué M.Sellal, soulignant qu'il est d'une «nécessité urgente» que l'Algérie s'engage avec une économie «émergente» dans le 21e siècle. Lors d'une rencontre avec des travailleurs et cadres de l'usine, en majorité originaires des wilayas du sud du pays, le Premier ministre a affirmé qu'il s'agissait là «de la politique de l'Etat, qui s'appuie sur l'emploi des enfants de la région et du Sud», invitant, par là même, les responsables de cette installation énergétique à satisfaire leurs besoins par le recrutement de la main-d'œuvre et de diplômés universitaires du Sud, et de recourir au recrutement à partir d'autres wilayas du pays en cas de nécessité. Toujours à In Salah, M. Sellal a inauguré une station de déminéralisation d'eau. Implantée à une centaine de kilomètres d'In-Salah, cette station offre une capacité de traitement d'eau par osmose inversée de 50 000 m3/jour (extensible à 100 000 m3/j), selon sa fiche technique. Elle permettra d'assurer une dotation en eau douce déminéralisée (moins de 0,6 g/litre) au profit des populations d'In-Salah, Tamanrasset, et des localités environnantes, a-t-on expliqué.