Passe d'armes entre les patrons du FLN et du RND, messages du chef de l'Etat et du Premier ministre, mobilisation des mosquées après un appel du ministre des Affaires religieuses, crainte de l'abstention… Ce sont les quelques faits ayant marqué la campagne électorale pour les législatives du 4 mai, clôturée ce 30 avril. Cependant, cette campagne qui a duré trois semaines n'a pas tenu ses promesses, puisque de son début jusqu'à sa fin, elle a été morose, ne suscitant pas l'engouement de la population. Des meetings annulés, des espaces d'affichage non exploités, des meetings dans des salles presque vides sont autant de facteurs qui renseignent sur le caractère fastidieux de la campagne électorale. Celle-ci a été surtout marquée par l'implication du gouvernement, à sa tête le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui, à travers ses sorties sur le terrain, a un peu éclipsé les partis en lice. Pendant la campagne, Sellal a effectué six visites dans différentes wilayas, ponctuées par des rencontres avec les représentants de la société civile. Des visites mises à profit pour appeler les citoyens à se rendre massivement aux urnes le 4 mai, liant la participation aux élections à la préservation de la stabilité du pays. Ces visites du Premier ministre sont considérées par certains observateurs comme étant une campagne anticipée pour les prochaines élections présidentielles. D'autres leur attribuent les vertus d'un effort de sensibilisation et de mobilisation des électeurs alors que plane le spectre d'un taux d'abstention record sur le scrutin. Aucun parti politique en lice, à l'exception du MSP, n'a dénoncé l'«intrusion» du Premier ministre dans la campagne. Idem pour la Haute instance indépendante de surveillance des élections. Côté population, c'est le désintérêt total. Mosquées mobilisées Face au spectre de l'abstention, les leaders des partis politiques ont fini par consacrer leurs activités (meetings, sorties de proximité…) à appeler les électeurs à voter au lieu de défendre et de présenter leurs programmes. Pour espérer les convaincre, certains candidats et chefs de parti ont promis monts et merveilles dans des domaines qui dépassent largement les prérogatives des députés. La campagne électorale a été marquée également par l'important message du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, à l'adresse des électeurs. Dans une lettre adressée à la nation samedi 29 avril, le chef de l'Etat a appelé les Algériens à se rendre massivement aux urnes. Il a assuré que le choix des électeurs sera respecté, demandant à l'administration d'observer la neutralité et à la justice de réprimer toute tentative de fraude. «Votre participation à ce scrutin sera votre contribution personnelle à la stabilité du pays, à la progression de la démocratie dont vous êtes la source, et au développement de notre patrie», a expliqué le premier magistrat du pays. Pour contrer les boycotteurs et les abstentionnistes, le gouvernement, par le biais du ministre des Affaires religieuses, a mobilisé les mosquées et les zaouïas du pays. Un prêche de la prière collective hebdomadaire du vendredi a été consacré à la sensibilisation des électeurs. «Les imams doivent œuvrer à convaincre et à sensibiliser les citoyens quant à l'importance des élections législatives tout en observant la neutralité (…) Nous souhaitons que la société participe au choix de représentants compétents dans la nouvelle APN», avait expliqué Mohamed Aïssa, insistant sur «le rôle des imams dans la sensibilisation à cette journée décisive et importante pour le pays». Stabilité et unité nationale Parmi les arguments avancés et visant à convaincre les citoyens à aller voter, figurent la préservation de la stabilité et de l'unité nationale. Ces deux thèmes sont devenus les slogans majeurs de plusieurs partis pendant la campagne électorale. Le chef de l'Etat, le Premier ministre, les patrons du FLN et du RND et d'autres responsables politiques ont tous établi un lien entre le vote et la stabilité du pays. La démonstration de force du MAK, le 20 avril dernier à Tizi Ouzou à l'occasion du double anniversaire du printemps berbère et du printemps noir, a mobilisé la classe politique contre tout projet visant la division du pays. Ce qui a marqué également la campagne pour les législatives, est «l'affrontement» à distance entre le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès et le chef du RND, Ahmed Ouyahia. Ould Abbès s'est distingué par des sorties et déclarations caricaturales, où il confond le FLN historique et le FLN d'aujourd'hui, revendiquant le tutorat sur la guerre de libération. Le patron du FLN a créé également la polémique autour de son passé, en affirmant qu'il était condamné à mort avant que d'anciens moudjahidine et condamnés à mort ne le contestent.