Tous les moyens sont bons pour conjurer l'abstention record qui s'annonce le 4 mai prochain. Le gouvernement, hanté par le spectre de la démission citoyenne, déploie tout son arsenal afin de convaincre les électeurs à se rendre aux urnes. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui et le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa se sont impliqués dans la campagne électorale, dans une tentative de surmonter l'incapacité des partis politiques à mobiliser les citoyens. Depuis le début de la campagne, le Premier ministre a effectué deux visites de travail (le 10 avril à Djelfa et le 19 à Oran) lors desquelles il a appelé à un vote massif le 4 mai. Cette semaine, il effectuera deux autres visites (aujourd'hui à Batna et jeudi à Tamanrasset) pour essayer de sensibiliser les électeurs. A la fin de chaque visite, M. Sellal organise des rencontres avec la société civile de chaque wilaya, qui s'apparentent à de véritables meetings électoraux, afin de désamorcer la menace de l'abstention qui plane sur les élections législatives. Pour le pouvoir exécutif qui s'est toujours accommodé d'un pouvoir législatif aux ordres, un fort taux d'abstention engage la crédibilité et même la légitimité de la future APN. Deux semaines après le début de la campagne électorale, la scène ne s'emballe pas. Partout, les citoyens font montre d'un désintérêt total, exaspérés et déçus qu'ils sont par les prestations de leurs anciens représentants à la deuxième chambre du Parlement. Plusieurs panneaux d'affichage sont arrachés et des affiches des candidats déchirées. C'est dire que ce désintérêt peut se transformer en un fort rejet des urnes. Et c'est ce que le gouvernement ne veut absolument pas subir. Les partis du pouvoir, le FLN et le RND notamment, n'hésitent pas à lier la sécurité et la stabilité du pays au taux de participation aux législatives. En cela, ils rejoignent des membres du gouvernement qui insistent sur la nécessité de voter pour préserver, disent-ils, la sécurité de l'Algérie. Et pour mobiliser les foules, tout est justifié. Avant-hier, à partir de la wilaya de Boumerdès où il était en visite de travail, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, a appelé les présidents d'APC (dont la majorité sont des candidats sur les listes de leurs partis) et les walis à «mener des campagnes de proximité au profit des citoyens en vue de les sensibiliser sur l'impératif de participer au scrutin». «Le travail de sensibilisation que les walis sont appelés à faire et qui porte sur l'importance de participer aux prochaines échéances relève de leurs prérogatives», a-t-il affirmé. M. Bedoui base son argumentaire sur les défis sécuritaires qui se posent au pays. «La meilleure voie à même de préserver les acquis de sécurité et de stabilité retrouvés grâce à la Charte pour la paix et de la réconciliation nationale et aux lourds sacrifices consentis sera, a-t-il affirmé, l'accomplissement par le citoyen de son devoir électoral». Pour lui, les élections législatives «sont un ensemble de défis qui doivent être relevés, le jour du scrutin, par toute personne consciente des périls terroristes et des situations que connaissent les pays limitrophes». Toujours dans l'objectif d'écarter le spectre de l'abstention, même les mosquées, dont le pouvoir de mobilisation ne s'est jamais démenti, sont appelées à y contribuer. Le ministre des Affaires religieuses et des wakfs, Mohamed Aissa, avait adressé, la semaine passée, une instruction à toutes les directions des affaires religieuses des 48 wilayas, leur demandant de consacrer le prêche de vendredi à sensibiliser les électeurs. «Les imams doivent œuvrer à convaincre et à sensibiliser les citoyens quant à l'importance des élections législatives tout en observant la neutralité, étant donné que les lois de la République interdisent aux imams de prendre le parti d'aucune formation politique dans leurs prêches», avait expliqué le ministre.