Le MSP ne fera pas de come-back au pouvoir, au lendemain des résultats provisoires des élections législatives du 4 mai. L'ancien président du parti islamiste, Aboudjerra Soltani, peut d'ores et déjà enterrer son rêve. Son rival de toujours et actuel président a dit niet. Abderrezak Makri a, en effet, coupé court à cette option, lorsqu'il dira que «le MSP sera dans le couloir qui lui sied le plus. Celui de l'opposition». Lors d'une conférence de presse tenue hier au siège du parti à Alger, le chef de file de l'ex-Hamas a été on ne peut plus clair. Après avoir brossé un très sombre tableau du déroulement des élections et à la lumière des résultats obtenus par sa formation qui a récolté 33 sièges, Makri a déclaré que désormais, «le MSP continuera sur la voie qu'il s'est tracée dans l'opposition afin de sensibiliser les citoyens et mobiliser le peuple algérien autour du changement». D'autant plus que «le pouvoir n'a aucune volonté de se débarrasser de ses vieilles méthodes de détournement de la volonté populaire et de domination à travers la fraude», a-t-il expliqué. Le MSP, ajoute Abderrezak Makri, aurait aimé contribuer à faire sortir le pays de la crise à l'occasion des législatives de cette année, puisqu'il a présenté un programme national qui traite de la politique à suivre dans tous les secteurs. Hélas, avec ses 33 sièges, le parti ne voit pas l'utilité d'intégrer le gouvernement, bien que son discours durant la campagne électorale plaidait pour le contraire. Dans les propos de Makri aussi, il y a une réponse claire à son prédécesseur à la tête du parti, Aboudjerra Soltani. Ce dernier ne rate aucune occasion pour exprimer sa position pour un retour du MSP au pouvoir. La dernière sortie en date, le 2 mai, soit à 48h du scrutin, Soltani avait estimé qu'«il est temps pour le MSP de mettre les deux pieds dans le pouvoir». Selon lui, «l'expérience a prouvé qu'avoir une jambe dans le pouvoir, une autre dans l'opposition était un échec, tout comme lorsqu'on avait les deux pieds dans l'opposition». Des «baltaguia» pour la fraude Abderrezak Makri n'est pas le seul à vouloir continuer sur la voie tracée depuis le 5e congrès tenu en 2013. Il se trouve qu'il est même soutenu par la base militante dont une partie veut carrément basculer dans la radicale opposition au pouvoir en place. «Il y a une terrible pression de la base militante. Des voix s'élèvent pour rompre définitivement avec le pouvoir et ses institutions en se retirant de l'APN, suite à la colère déclenchée par la fraude massive imposée par des pratiques de baltaguia», révèle-t-il. Cependant, tout sera décidé au sein des institutions du parti, précisément «au sein du Conseil consultatif qui se réunira après l'annonce des résultats officiels par le Conseil constitutionnel». Pour ce qui est de la «fraude», le président du MSP a dénoncé les pratiques de «violence, de menaces et même d'agression contre nos représentants», utilisées par des «baltaguia» et autres relais du pouvoir dont «les chefs de daïra qui ont toléré ces dépassements», dans le seul objectif de frauder en faveur de ses partis, le FLN et le RND. Mais il n'y a pas que le bourrage des urnes, cette fois-ci. Makri parle de «changement des encadreurs à la dernière minute, d'absence de contrôleurs des partis à cause d'un vide dans la loi en plus de changements de PV et du nombre de voix», citant des exemples enregistrés dans certaines wilayas considérées comme des «fiefs» : M'sila, El Oued, Tlemcen, Annaba, Skikda, Boumerdès et Blida. Dans cette dernière, «53 446 voix ont été rajoutées au FLN», dira-t-il, avant qu'un document récapitulatif de 8 communes où sont enregistrés ces «rajouts» ne soit distribué à la presse. «Dans les PV de dépouillement, le FLN a récolté 20 057 voix, mais dans les PV communaux, il accumule 73 473 voix», soit une différence de 53 446 voix. «Cette fois, la fraude a dépassé celle de 1997», s'est indigné le président du MSP pour qui son parti «a toujours été la victime n° 1, et n'était cela, il serait la première force politique du pays». Makri a indiqué enfin que des recours seront déposés auprès du Conseil constitutionnel.