le président du msp Makri et Menasra disent que leur alliance a été ciblée par «une fraude massive», y compris de leurs fiefs et réaffirment que leur place est dans l'opposition». L'Alliance MSP n'est pas satisfaite des 33 sièges qu'elle a obtenus et elle ne le cache pas. Dans une conférence de presse qu'ils ont animée conjointement au siège du parti, Abderrezak Makri et Abdelmadjid Menasra se sont énergiquement insurgés contre ce qu'ils qualifient «de fraude massive», «de violation de la volonté populaire», de «crime», de «répression» et d' «autoritarisme». «Ce scrutin a été une atteinte majeure à la volonté du peuple. Il y a eu une immense fraude au profit du FLN et du RND et le MSP en est la seule et unique victime», a fulminé le président du MSP qui dit que les fiefs traditionnels de son parti ont été particulièrement ciblés par ces grandes opérations de fraude qui ont profité au FLN et au RND. Pour étayer ses propos, Makri ne se contente pas d'amplifier les irrégularités somme toutes banales enregistrées ça et là et que même le ministre de l'Intérieur reconnaît. Il va bien au-delà. En effet, brandissant des PV, il a indiqué que des preuves tangibles de fraude sont relevées par son parti. «A Blida, un de nos nombreux fiefs, l'administration s'est mobilisée pour nous sacquer. Elle a ajouté 30.000 voix au FLN. Selon les PV des 46 bureaux de vote de la commune de Blida, le FLN a obtenu 7000 voix, mais dans le PV final, on trouve 37 000 voix. A M'sila, la même chose a été relevée. L'administration a ajouté 30.000 voix au FLN. A El Oued, c'est pire. Il y a des menaces de mort et des agressions à l'arme blanche contre nos militants. Des citoyens ont été poussés à voter de force. Tout ceci sans parler du bourrage des urnes dans plusieurs communes de cette wilaya», a détaillé Abderrezak Makri qui accuse ouvertement les chefs de daïra d'avoir minutieusement préparé le terrain pour la fraude dans l'objectif de casser le MSP dans ses propres fiefs. Et pour consolider ses arguments et ses illustrations, Makri n'a pas hésité à faire recours aux chiffres livrés par le ministre de l'Intérieur, notamment ceux concernant les surveillants du scrutin. «Selon le ministre de l'Intérieur, 71% des bureaux de vote n'ont pas été surveillés. Ils n'ont pas été surveillés non pas parce qu'il n'y a pas eu de surveillants, mais parce que la loi, conçue d'une façon complètement inadaptée aux exigences du terrain, les a empêchés de faire le travail», a-t-il soutenu en clamant que «sans fraude, le MSP aurait eu la majorité des sièges». Toutefois, rappelant que le MSP a toujours été la principale victime des fraudes électorales, depuis 1995 à ce jour, Makri s'est réjoui de la place de troisième force politique qu'occupe son parti et de son déploiement organique à l'occasion de cette élection dans les wilayas et les communes qui lui étaient jusque-là inaccessibles. Interrogé sur une éventuelle participation du MSP au prochain gouvernement, il a indiqué que «la place naturelle d'un parti qui ne gagne pas une élection est dans l'opposition». «Notre place est dans l'opposition. Le parti qui se considère vainqueur de cette élection a appelé à des alliances, mais il a posé 'l'application du programme du président de la République'' comme une ligne rouge. Or, dans une alliance gouvernementale, il doit y avoir des négociations, précisément sur le programme du gouvernement. Par conséquent, on ne va pas faire d'alliance. On ne peut pas cautionner un projet autre que le nôtre», a-t-il expliqué. De son côté, Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement et tête de liste de l'Allaince-MSP à Alger, s'est montré moins virulent dans sa diatribe contre le système et sa volonté de se reconduire par tous les moyens, y compris contre la volonté du peuple. «Les élections sont un jouet dont les fils sont tenus par le pouvoir. Ni les partis ni la population n'y peuvent quoi que ce soit», a-t-il déclaré sur un ton dépité en exprimant son profond regret que «l'Algérie ait raté, encore une fois, un rendez-vous avec le changement et la consolidation de la démocratie à travers le respect du choix du peuple». «Le pouvoir ne voit pas plus loin que l'élection présidentielle de 2019. Chaque élection représente pour lui une étape dans la préparation de l'autre. Ceci est une forme d'autoritarisme répressif que nous dénonçons car il met en danger la nation», a-t-il ajouté en accusant les tenants du «statu quo» de vouloir éradiquer l'opposition et recycler l'unicisme qui a pourtant déjà coûté trop cher au pays. Toutefois, tout comme Abderrazak Makri, relativisant ce qui peut être considéré comme une gifle pour le MSP, Abdelmadjid Menasra à indiqué que les «33 sièges obtenus provisoirement par l'Alliance-MSP sont davantage l'expression de la grande crédibilité dont jouit le parti qu'un simple chiffre». Les deux leaders islamistes ont par ailleurs expliqué le taux d'abstention record enregistré lors de cette élection, à savoir 61%, par la fraude et l'absence d'alternance au pouvoir.