Après plusieurs décennies d'aide de l'Etat, les entreprises publiques sont appelées, maintenant et plus que jamais, à se débrouiller toutes seules en cherchant de nouveaux modes de financement si elles veulent continuer à exister. Conséquences de la crise financière née de la chute des prix du brut, le gouvernement a instruit les gestionnaires des entreprises économiques relevant du secteur public à plus de dynamisme, en leur faisant signifier que le trésor n'est plus en mesure de soutenir les entreprises défaillantes. Un message que les responsables de ces entreprises, à commencer par le président de l'Union nationale des entrepreneurs publics (Unep), Lakhdar Rekhroukh, semblent comprendre. Dans un entretien accordé à l'APS, le premier responsable de l'Unep, également patron de Cosider, a déclaré que les entreprises du secteur public comptent, désormais, s'appuyer sur de nouveaux modes de financement alternatifs pour leur développement, face à une conjoncture économique difficile. Il s'agit, selon lui, de tirer particulièrement profit de la dynamisation de la Bourse d'Alger, des nouveaux produits financiers proposés par les banques, des fonds d'investissement ainsi que du Partenariat public-privé (PPP). A propos de la Bourse, Rekhroukh a estimé qu'elle est un «bon moyen» pour lever les fonds, notamment pour les entreprises bien structurées et ayant des ambitions à long terme. Concernant le projet d'introduction de 8 entreprises publiques en Bourse, le président de l'Unep relève la «défaillance» de la communication et le manque d'expérience des Intermédiaires en opérations de Bourse (IOB) dans l'accompagnement de ces entreprises, alors que le processus de leur introduction a coïncidé avec le lancement de l'emprunt obligataire pour la croissance économique, «un projet alléchant sans aucun risque». Mais il réfute certaines analyses qui remettent en cause la capacité des entreprises publiques à s'introduire en Bourse, rappelant que les 8 entreprises en question ont fait l'objet d'un «audit minutieux» auprès de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob) qui les a jugées «éligibles». «Une entreprise publique a nécessairement une comptabilité transparente. Elle est la transparence même. Et concernant le mode de gestion, on peut proposer des formations au profit des gestionnaires pour les aider à s'adapter et à se conformer à certaines exigences», avance-t-il. Pour rappel, le Conseil des participations de l'Etat (CPE) avait donné en 2013 son aval à ces 8 entreprises publiques pour l'ouverture ou l'augmentation de leur capital social à travers la Bourse. Il s'agit de 3 cimenteries relevant du groupe Gica dont celle d'Aïn Kbira, du Crédit populaire d'Algérie (CPA), de la compagnie d'assurance CAAR, de Cosider Carrières (filiale du groupe Cosider), de l'entreprise Hydro-aménagement et de Mobilis. Concernant le PPP, le président de l'Unep explique que la réussite de ce nouveau mode de financement des projets dépend de plusieurs préalables, notamment l'existence d'un ancrage juridique et de fonds d'investissement. «C'est une formule multiforme qui peut soulager le Trésor public. Mais ce qui préoccupe le plus, c'est de trouver les meilleurs moyens pour vendre nos projets. Il faut d'abord trouver l'investisseur, le rassurer au maximum par une législation convenable et des avantages fiscaux, bien négocier les contrats et maîtriser la partie technique et juridique», note-t-il. Bouc émissaire Prenant la défense des entreprises publiques contre ceux qui l'accusent d'avoir profité de fonds publics sans donner de contrepartie, le président de l'Unep réplique : «Ce qui est déplorable, c'est que certains jettent la pierre systématiquement aux gestionnaires. Si les choses sont clairement définies, les problèmes de gestion ou d'organisation peuvent être réglés de manière efficiente sans remettre en cause l'existence du secteur public». Dans ce cadre, il estime que l'entreprise publique reste, malgré toutes les critiques qu'elle subit, «très utile» pour le pays, affirmant qu'à chaque fois qu'il y a un problème particulier à régler ou un projet urgent, «c'est elle qui relève ces défis». «Certains nous voient comme un obstacle face à l'émergence du secteur privé, mais est-on en train de jeter des fleurs aux entreprises publiques ? Non, je ne le pense pas. Nous participons aux appels d'offres au même titre que les entreprises privées», fait-il valoir.