Jamais le nombre des bulletins nuls n'a été aussi énorme que lors des élections législatives du 4 mai. Sur les 8 528 355 votants, soit 38.25 % de taux de participation, 2 098 324 de votants ont glissé des bulletins nuls. En ajoutant le vote au niveau des 4 zones de l'émigration, où le taux de participation est de 10,03%, le nombre de bulletins nuls atteint 2 109 917, soit près de 25% des votants. Un chiffre tellement astronomique et qui bat tous les records que le ministre de l'Intérieur, Nourredine Bedoui, s'est abstenu de l'annoncer à l'occasion de la conférence de presse consacrée aux résultats des élections. Il est, en effet, lourd à prononcer. Par rapport aux législatives de 2012, le nombre des voix annulées (1.704.047) a progressé de manière significative et par centaines de milliers. En ce 4 mai 2017, le nombre le plus important des bulletins annulés est enregistré à Alger. Au niveau de la capitale, où le taux de participation est de 28.27%, près de 50% des votants ont glissé des bulletins nuls. Sur les 537 255 votants, quelque 261 927 ont décidé de mettre des bulletins nuls dans les urnes. Si l'on y ajoute le taux d'abstention record de près de 63 %, ce nombre de bulletins nuls pose «un véritable problème de société» sur lequel sociologues, psychologues et politologues doivent se pencher. Cette forme de rejet collectif et spontané des élections suscite beaucoup d'interrogations. Malgré tout le matraquage médiatique, tous les moyens déployés, la mobilisation des mosquées, du gouvernement, la participation de la majorité des partis politiques, les liens établis entre le vote et la sécurité du pays, les Algériens ont boudé les urnes. Toute la propagande officielle ou pas, ostentatoire, alliant chantage, menaces et promesses, n'a pas réussi à convaincre les électeurs. L'absence d'offres politiques ne suffit pas à elle seule pour expliquer ce désintérêt populaire. Le rôle insignifiant de l'APN dans la vie nationale et la piètre prestation des députés durant le mandat écoulé sont-ils pour quelque chose dans ce comportement des électeurs ? Certains observateurs ont affirmé qu'à travers sa «démission», le peuple a exprimé son rejet à la fois du régime politique et de la classe politique. Dans certaines wilayas du pays, comme Tizi Ouzou et Béjaïa, moins de 20 personnes sur 100 ont accompli ce qui est appelé «le devoir citoyen» et ont refusé de jouir de ce qui est désigné en même temps comme «un droit citoyen». Certains chefs de parti, au cours de la campagne, ont appelé les électeurs au sens du patriotisme pour les pousser à aller voter. Les abstentionnistes manquent-ils de patriotisme ? En tout cas, c'est la légitimité de l'APN qui est fortement fragilisée. Censés représenter le peuple dans l'institution législative, les nouveaux députés vont finalement représenter une infime minorité de la société. Observateurs de la Ligue Arabe: «Intégrité, transparence et objectivité» Le chef de la mission des observateurs de la Ligue arabe, Saïd Abou Ali a affirmé, hier, à Alger que l'opération électorale s'est déroulée «dans le respect des critères d'intégrité, de transparence et d'objectivité», soulignant qu'elle reste «un bon exemple pour le monde entier et particulièrement pour les pays arabes». Lors d'une conférence de presse consacrée à la présentation du rapport préliminaire de la mission des observateurs arabes, M. Abou Ali a indiqué que les élections législatives qu'il a qualifiées de «fête de la démocratie» ont été un grand succès, précisant qu'elles étaient empreintes d' «intégrité, de transparence et d'objectivité». «L'excellente organisation et les moyens mobilisés reflètent le bon niveau de préparation», a-t-il ajouté, affirmant que l'Algérie a «donné à travers ce scrutin un bon exemple au monde entier et aux pays arabes en particulier». Soulignant que l'opération électorale s'est déroulée dans «le calme et la régularité», il a affirmé que «tous les moyens matériels et humains étaient réunis afin d'assurer un climat de sécurité». «Nous sommes face à une grande expérience opérée à la lumière des amendements constitutionnels et de la mise en place d'instances de contrôle de l'opération électorale», a indiqué le chef de la mission des observateurs arabes, soulignant que la mission des 120 observateurs déployés à travers les 3 385 bureaux de vote dans les 967 centres du pays, s'est assurée de la conformité des mesures et des moyens avec les textes constitutionnels et juridiques régissant l'opération électorale et les critères internationaux. Les observations ont porté sur presque toutes les phases de l'opération électorale, a ajouté M. Abou Ali, les qualifiant de «bonnes» en général et conformes à la loi algérienne et aux normes internationales en vigueur. Relevant cependant des carences qui, a-t-il dit, «ne peuvent être assimilées à des dépassements ou des violations de la loi» estimant qu'il s'agit de faits individuels «sans incidence aucune sur le déroulement de l'opération électorale, à l'image de la propagande électorale via les réseaux sociaux».