La contestation sociale au Maroc gagne du terrain, au rythme de la détérioration des conditions sociales. Les populations locales, dont celle du Rif, expriment, depuis quelque temps, leur mécontentement des conditions sociales, mais la répression est souvent là pour rappeler aux marocains que la politique menée par le palais royal accorde peu d'importance aux préoccupations du peuple. Des confrontations sont enregistrées dans nombre de localités de ce pays. La situation était tendue le 26 mai à El Hoceïma, au nord du Maroc, où le mouvement dit Hirak, signifiant la mouvance, mène des contestations sociales, depuis six mois. Le leader de ce mouvement, Nasser Zefzafi, est recherché par les autorités qui ont tenté de l'arrêter. Selon les autorités marocaines, il a «interrompu le prêche de l'imam lors de la prière du vendredi, le 26 mai» à la mosquée Mohamed V d'El Hoceïma. Un fait authentique ou scénario inventé pour arrêter ce leader devenu très gênant pour les autorités du Maroc ? Il «a perturbé gravement la prière, il a insulté le prédicateur. Ce qu'il a fait ce matin est un acte sans précédent», a accusé le ministre des Affaires islamiques, Ahmed Toufik, dénonçant un «délit grave» et annonçant l'arrestation de Nasser Zefzafi. Un témoin a expliqué que ce dernier avait en fait réussi à échapper aux policiers, venus l'interpeller à la sortie de la mosquée. La situation peut dégénérer à tout moment dans cette ville où les forces de l'ordre se sont déployées. Dans la région du Rif, réputée frondeuse et conservatrice, la province d'El Hoceïma est le théâtre de manifestations récurrentes depuis la mort, fin octobre 2016, d'un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures. L'incident avait suscité l'indignation dans le pays, prenant la forme d'un mouvement plus social et politique à El Hoceïma. Mené par un groupe d'activistes locaux, le «hirak» a de nombreuses revendications pour le développement du Rif, qu'il estime marginalisé. L'Etat marocain s'est depuis lors fortement mobilisé, annonçant la mise en œuvre d'un catalogue de projets de développement de la région, pour la plupart lancés en 2015. Le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, pour qui le développement de la région nord du royaume est une «priorité stratégique».Le palais royal marocain tente d'obtenir la réinstauration du calme, mais rencontre des difficultés à convaincre une population trop déçue par la marginalisation de la région et des jeunes livrés au chômage.