Conséquence des tensions entre plusieurs monarchies du Golfe et le Qatar, les prix du pétrole reculaient hier en cours d'échanges européens. Dans la matinée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 49,38 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 9 cents par rapport à la clôture de la veille. Dans les échanges électroniques, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour le contrat de juillet perdait 13 cents à 47,27 dollars. Les cours de l'or noir, qui avaient entamé un rebond avant-hier, se sont repliés et évoluaient en baisse, proches de leur plus bas niveau en un mois. «Les craintes autour de la crise du Qatar pourraient avoir un effet limité sur la production mondiale, spéculent les marchés», a expliqué Ipek Ozkardeskaya, analyste chez London Capital Group. Le Qatar a été accusé de soutenir le terrorisme par l'Arabie saoudite et ses alliés et mis au ban diplomatique, une mesure qui a poussé le chef de la diplomatie de l'émirat, Mohammed bin Abdul Rahman, à appeler hier à «un dialogue ouvert et honnête». L'accusation avait déclenché une hausse des cours du brut, réflexe quasi systématique des marchés quand la tension monte entre de grands producteurs, mais le rebond a été de courte durée. «Les informations sur le Qatar font la une, mais les investisseurs s'éloignent lentement du marché», a résumé Ipek Ozkardeskaya. «La semaine dernière, la baisse hebdomadaire des réserves des Etats-Unis n'avait pas réussi à déclencher un rebond, et les tensions entre le groupe Arabie saoudite-Emirats Arabes Unis et le Qatar n'y parviennent pas non plus», a souligné Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. «Il y a assez de signes inquiétants d'une surproduction mondiale pour que chaque information ne soit pas prise pour ce qu'elle est mais comme une nouvelle preuve qu'il faut vendre», a-t-il expliqué. Sur le long terme, les sanctions imposées au Qatar ne devraient pourtant pas affecter l'accord sur la baisse de la production de pétrole obtenu par l'OPEP, a assuré Vladimir Voronkov, le représentant permanent auprès des organisations internationales à Vienne. «En ce qui concerne l'accord, ce document a une vocation politique et non économique. De fait je ne pense pas qu'il y ait des effets sur le respect de l'accord. C'est un accord multilatéral, et tous les pays n'ont pas lâché le Qatar», indique-t-il à Sputnik avant d'ajouter: «Je ne crois pas qu'il faille s'attendre à d'importants changements». Si les prix du brut ont été affectés, la Bourse de Doha n'a pas été en reste. La Qatar Stock Exchange a chuté de près de 8% en une séance où 44 valeurs cotées ont fini dans le rouge. Un record depuis 2009, soulignent les analystes. Les plus fortes chutes sont intervenues en début de séance alors que les informations distillaient une série de mesures destinées à étouffer économiquement le petit émirat gazier. Parmi ces mesures, la fermeture des espaces aériens des trois pays aux vols de la compagnie aérienne du Qatar et la suspension des liaisons aériennes et maritimes avec ce pays.