En dépit de tentatives de médiation, la crise entre l'Arabie saoudite et ses alliés dont l'Egypte, les Emirats et le Bahreïn d'un côté et le Qatar de l'autre, s'accentue. Entre-temps, Doha cherche des soutiens à l'étranger. Ryad publie une liste de terroristes que soutiendrait Doha pour justifier la mise au ban de ce petit Etat qui rejette, lui, ces accusations «infondées», mais affirme toutefois qu'il ne réagira pas autrement à ces «accusations», tout en activant diplomatiquement pour avoir des soutiens à l'étranger. «Le récent communiqué publié par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte (...) confirme une nouvelle fois des accusations infondées», a réagi le gouvernement qatari dans un communiqué. Selon Ryad et ses alliés, la liste répertorie 59 personnes et 12 entités «liées au Qatar et au service d'un programme politique suspect du Qatar». «Cette liste contient des noms de personnes qui n'ont aucun lien avec le Qatar, qui n'y vivent pas et qui peut-être ne s'y sont jamais rendues», a renchéri le ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue allemand Sigmar Gabriel, à Wolfenbütten (nord de l'Allemagne). «Nous au Qatar, nous n'allons pas adopter (de mesures en réaction) à ces accusations sans fondement», a ajouté le ministre qui, après l'Allemagne, sera en Russie en quête de soutien dans le conflit l'opposant à ses voisins du Golfe. La liste comporte selon lui des personnes «qui n'ont rien à voir avec le Qatar», d'autres «qui font déjà l'objet de sanctions» qataries mais aussi des journalistes et une ONG étrangers à ce dossier. La crise pour rappel a éclaté lundi lorsque l'Arabie saoudite, les Emirats, Bahreïn et l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha en l'accusant d'entretenir des liens avec «des organisations terroristes et des groupes sectaires cherchant à déstabiliser la région, parmi eux les Frères musulmans, Daech (acronyme en arabe du groupe Etat islamique) et Al-Qaïda». Ces pays, qui reprochent aussi au Qatar son rapprochement avec Téhéran, grand rival régional de Ryad, ont imposé de sévères restrictions aériennes, maritimes et terrestres au petit émirat gazier. «Il y a actuellement des efforts de pays amis pour limiter la crise, lever ce blocus injuste sur le Qatar et commencer des négociations», a déclaré le ministre qatari des Affaires étrangères lors de sa visite surprise hier en Allemagne et avant un entretien prévu aujourd'hui à Moscou avec son homologue Sergeï Lavrov. A ses côtés, le chef de la diplomatie allemande, qualifiant ce blocus de «lourd de conséquences» pour la population qatarie et l'économie allemande, a confirmé que des discussions, en concertation avec les Etats-Unis et des alliés régionaux, étaient en cours. «L'Allemagne va tout faire, avec la communauté internationale et l'Union européenne pour que ce conflit ne s'aggrave pas et pour mettre fin au terrorisme islamiste dans le cadre de la coalition dont le Qatar fait partie», a-t-il dit. Un peu plus tôt, Doha avait affirmé refuser toute intervention dans sa politique étrangère et exclu que la tourmente actuelle dégénère en conflit armé.