54,71% des candidats au BAC 2017 sont des filles. Malgré les nombreux clichés sur les «différences» filles-garçons sur leurs chances de réussite dans la vie professionnelle, sur leurs capacités à occuper des postes à dominante masculine, les filles investissent de plus en plus le devant de la scène. Plus ambitieuses pour décrocher la timbale, plus déterminées à rompre avec les vieilles idées reçues : contrairement aux précédentes décennies, aujourd'hui, les filles veulent tout comme les garçons faire des études universitaires, puis occuper des postes de responsabilité. En 2017, cette question ne se pose même plus, c'est une évidence pour ces centaines de jeunes filles à peine âgées de 18 ans. «Pour ma part je veux intégrer une école militaire, je m'y suis préparée depuis ma première année de lycée», lance Lydia, candidate dans la filière science expérimentale. Sortie de l'épreuve du troisième jour des examens du baccalauréat, l'adolescente, un peu déçue de sa copie de science, reste concentrée sur son objectif. «Je vais tenter le tout pour le tout pour accéder à l'une des écoles militaires. Je voudrais y exercer la médecine. Ils sont plus exigeants en terme de moyenne d'obtention du bac et de condition physique, mais je tente le coup», confie-t-elle en s'étonnant de l'idée selon laquelle une fille ne puisse pas intégrer ce genre d'école. «Personnellement, j'ai la chance d'avoir un entourage qui ne fait pas de fixation sur tel ou tel poste de travail. Mes parents m'encouragent à réussir tout simplement», se réjouit la candidate. Des parents d'élèves rencontrés devant le lycée Toufik-Bouattoura d'El Biar, reconnaissent une volonté plus forte chez les filles. Brahim, père d'un candidat et de deux filles étudiantes, avoue avoir eu plus de mal à convaincre son fils d'entamer les révisions que ses filles. «Je suis derrière mon fils depuis le premier jour de la rentrée scolaire pour préparer le jour J. Je me suis même fait des cheveux blancs à cause de lui», avoue-t-il sur un ton moqueur. Pour ce parent d'élève, c'est une question de culture. «Nous attendons souvent des filles qu'elles soient sérieuses et appliquées. Quant aux garçons, on considère presque comme normal qu'ils soient agités», estime-t-il. Conséquence, les filles adoptent dès leur jeune âge des comportements qui leur permettent de mieux réussir à l'école. Elles ont le nez plongé dans leurs cahiers, ne flemmardent pas lorsqu'il s'agit de révision. «Il faut que je demande au moins dix fois à mon fils d'aller réviser ses leçons, mais honnêtement je n'ai jamais eu à le faire avec mes deux filles qui ont toutes les deux obtenu leur BAC du premier coup», témoigne encore Brahim. Le bac est pour ces candidates une étape à franchir pour atteindre les objectifs fixés. Pas question pour elles de le rater, surtout lorsque leurs copines ou leurs rivales ont les capacités de le réussir. «Les filles se jalousent. Elles sont tout le temps en concurrence; c'est aussi une raison qui les motive pour mieux travailler», nous dira Achira qui attend impatiemment la sortie de sa fille candidate en filière lettres et langues étrangères devant un lycée au 1er-Mai. L'épreuve du jour est la philosophie. «Je pense avoir bien travaillé, j'ai opté pour le premier choix, la pensée et le langage. Mais il y a toujours des surprises», dira la jeune candidate, refusant de rentrer chez elle pour se reposer avant l'épreuve de l'après-midi sans avoir les nouvelles de son amie, pas encore sortie de la salle d'examen. «Je veux savoir si elle a bien travaillé», lance naïvement la lycéenne. L'université, leur échappatoire… Les mentalités ont peut-être évolué, mais pas tout à fait. Il n'en demeure pas moins que des candidates au bac attendent de ce précieux sésame un moyen d'échapper à une vie de femme au foyer, de femme sans avenir professionnel. Le choix des études une fois le bac en poche ne semble, du moins pour quelques-unes d'entre elles, pas important. «A l'université je pourrais m'épanouir, évoluer et peut-être me faire un chemin pour décrocher un poste de travail», témoigne timidement Souad. Pour cette jeune adolescente de Reghaïa, il y a tout à gagner en décrochant le bac. «Ne pas rester cloîtré à la maison, c'est déjà une grande motivation pour réussir mon examen. J'ai une sœur plus âgée que moi et des cousines qui passent leur journée à faire le ménage et à préparer à manger», raconte notre interlocutrice, avouant que «même si les parents les poussent à aller faire des formations, elles ne sont pas sûres de trouver un travail après. Puis une fois qu'on s'habitue à la vie de foyer, on prend vite le pli». Une vie que refuse de mener Souad, déterminée à arracher la clé de son «échappatoire».