Suite à la décision du roi du Maroc d'accueillir à Oujda, mardi soir, les 28 réfugiés syriens restés depuis plusieurs semaines bloqués aux frontières algéro-marocaines, Amnesty International Algérie s'est dite «satisfaite» mais compte rester «attentive pour s'assurer que ces personnes ont bien été prises en charge». A l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés, l'ONG espère, toutefois, que le gouvernement marocain tienne ses promesses concernant l'enregistrement de la situation des 23 familles syriennes auprès du Haut-Commissariat aux réfugiés. Lors d'une conférence de presse, Hassina Oussedik, directrice d'Amnesty International Algérie, affirme être «contente que ces personnes puissent enfin manger et boire après être restées dans un endroit désertique». L'occasion pour l'oratrice de rappeler que l'ensemble des associations font appel aux gouvernements à mettre en place des lois relatives à l'accueil des réfugiés, qu'ils soient en conformité avec les normes internationales et surtout en conformité avec les normes régionales, africaines notamment. Le problème des réfugiés, a-t-elle estimé, est lié à la responsabilité des Etats qui «instrumentalisent la crise des réfugiés pour des raisons économiques et de maintien au pouvoir». Ces Etats, constate la présidente de l'ONG «n'ont pas pris en charge sérieusement ce problème, d'ou les discours haineux envers ces migrants». Pour elle «aucune personne ne décide de vivre réfugiée; ces personnes le deviennent car elles sont menacées dans leur pays soit par l'instabilité politique, les conflits armés ou les problèmes économiques». Cela signifie qu'il y a eu, tranche la directrice d'Amnesty, des Etats qui n'ont pas été en mesure de créer un environnement stable et prospère économiquement pour que ces citoyens et citoyennes restent dans leur pays. Pour le cas de l'Algérie, Amnesty International s'est montrée satisfaite de la politique menée sur la question des réfugiés. «Nous notons avec une très grande satisfaction que l'Etat algérien est pour l'élaboration de la loi sur l'asile. C'est une demande que nous avons déjà formulée lors de la révision de la Constitution», s'est réjouie Mme Oussedik. La même satisfaction est exprimée à l'égard de l'annonce du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales concernant la prise en compte de la réalité économique en Algérie, et donc de la situation extrêmement précaire d'un certain nombre de personnes en situation irrégulière qui travaillent en Algérie. «Il est important de tenir compte de cette réalité et on note bien avec ces différentes mesures une volonté politique de régler la question des réfugiés, des migrants», reconnaît la conférencière. Avant de rappeler le fait positif que l'Algérie est un pays stable dans une région qui traverse des conflits qui durent pour un certain nombre d'entre eux depuis des années. «L'Algérie devient un pays d'accueil. Il devient très important que nous mettions en place une législation qui soit à la hauteur des droits de l'homme, c'est-à-dire dans le respect et la dignité de toutes ces personnes», préconise-t-elle. Les campagnes racistes dénoncées En ce moment et ce n'est pas la première fois, Amnesty International Algérie dit constater que sur les réseaux sociaux, certaines personnes mènent une campagne raciste sous prétexte que quelques personnes parmi les migrants et les réfugiés commettent des délits. Amnesty International, tout comme les autres associations, estime que ces personnes sont «comme nous tous, susceptibles de commettre des actes délictueux. Et dans ce cas il faut appliquer la loi pénale», lance la conférencière. Selon elle, «nous ne devons pas prendre prétexte toutefois qu'une ou deux personnes ont violé les lois pour accuser tout le groupe». Ceci, précise Oussedik, s'appelle du «racisme». «Lorsqu'on lance des appels à la violence et que l'on stigmatise des groupes d'individus, ces appels doivent être condamnés par la loi». L'occasion pour Amnesty International d'appeler le gouvernement algérien à prendre toutes les mesures nécessaires pour que ce type de campagne «puisse être condamné».