Les choses se compliquent pour Djamel Ould Abbès. Le secrétaire général du FLN pourrait être limogé d'un moment à l'autre, à en croire des sources fiables au sein du parti du pouvoir. Les démarches pour sa destitution s'accélèrent et «son départ n'est plus qu'une question de jours». Des membres du Comité central (CC), instance souveraine entre deux congrès, s'activent pour convoquer une session extraordinaire dans le cas où Djamel Ould Abbès ne se retirerait pas de son propre gré. Le nombre de signatures requises pour tenir cette réunion, soit les deux tiers, est même acquis, selon des sources fiables de l'ex-parti unique. «Nous avons atteint les deux tiers des membres du Comité central favorables à l'organisation d'une session extraordinaire», indiquent nos sources qui rappellent que «cette démarche date déjà de la campagne électorale pour les législatives». Sauf qu'elle a été «suspendue» pour permettre au parti d'aborder au mieux le scrutin. Les résultats du parti jugés «décevants» lors du scrutin du 4 mai dernier où le FLN n'a eu que 161 sièges, réduisant sa présence à l'APN d'une cinquantaine d'élus, conjugués aux scandales de la confection des listes et sorties encombrantes du patron du FLN, semblent avoir accéléré la machine visant sa destitution. Surtout que dans les coulisses, on laisse entendre que l'homme, pourtant proche du cercle présidentiel, n'est plus dans les grâces du président du parti, Abdelaziz Bouteflika. «Ould Abbès a failli à sa mission lors des législatives. Il a promis la majorité avec 262 sièges dont 20 à Alger. Ses calculs se sont avérés faux. Cet homme qui n'a pas honoré ses engagements n'a plus sa place au FLN. Il doit présenter sa démission pour sortir par la grande porte et sauver le parti», expliquent nos sources, avant de détailler le plan de cette nouvelle vague qui vise la tête de l'actuel sénateur du tiers présidentiel. «Nous voulons la mise en place d'une instance de transition qui aura à gérer les affaires du parti et mener la bataille des élections municipales et préparer l'organisation d'un congrès extraordinaire pour élire une nouvelle direction». C'est ainsi, en tout cas aux yeux des opposants à Ould Abbès, que le parti pourra aborder dans la sérénité les futures élections présidentielles prévues en 2019. Une échéance que le FLN «version Ould Abbès» ne pourrait aborder dans de telles conditions. «La situation actuelle du parti ne peut pas échapper à sa logique. C'est ce constat qui a conduit à l'échec et c'est ce même constat qui imposera le changement», estime un ancien député membre du CC, soutenant que «tous les paramètres, dont les futures échéances, plaident pour un renouvellement de la composante politique du FLN». En tout état de cause, les meneurs de la fronde contre l'actuel locataire du siège de Hydra estiment que «les jours d'Ould Abbès sont comptés». «C'est même une question de temps», affirment nos sources. Mais le concerné, lui, n'a à aucun moment réagi. Ne voulant pas aller dans la confrontation, Djamel Ould Abbès avait au lendemain des législatives déclaré qu'il ne devait sa nomination qu'au président de la République, président du parti, et que c'est à ce dernier que revient la décision de son remplacement. «Je partirai lorsque le président mettra fin à mon mandat», avait-il répondu lors d'une cérémonie organisée au cercle militaire de Béni Messous. Quoi qu'il en soit, le FLN va mal. Et c'est l'avis des anciens cadres du parti qui soutiennent la démarche des membres du CC qui réclament le départ d'Ould Abbès. Chef de file du Mouvement de redressement et de l'authenticité, Abdelkrim Abada a appelé le chef de l'Etat «à intervenir en faveur de cette demande et limoger l'actuel SG». Abada estime que «le FLN est trop grand pour Ould Abbès».