Trente-cinq migrants, dont sept enfants, sont portés disparus après le naufrage de leur canot pneumatique samedi au large de la Libye, ont annoncé les garde-côtes libyens qui citent les témoignages de rescapés. Selon Issa al-Zarrouk, un commandant des garde-côtes de Garabulli (60 km à l'est de Tripoli), 85 migrants, dont 18 femmes, ont été secourus avec l'aide de bateaux de pêcheurs qui avaient donné l'alerte. Le porte-parole de la marine libyenne, Ayoub Kacem, a précisé plus tard que l'embarcation avait fait naufrage à 6 milles au nord-ouest de Garabulli, ajoutant que 10 bateaux de pêcheurs ont participé aux secours. Les migrants secourus sont originaires notamment du Nigeria, Sénégal, Cameroun, Côte d'Ivoire et Ghana, a ajouté le général Kacem. Parmi les rescapés, Vivian Effoussa, une Nigériane, dit avoir vu la mer pour la première fois. «Je ne pensais pas que la mer était aussi grande», a-t-elle déclaré à la presse. Selon elle, le canot a commencé à se dégonfler et à prendre l'eau. «Tout le monde a commencé à crier. Je n'ai jamais connu ce genre de choses dans ma vie», a-t-elle indiqué, ajoutant qu'elle était toujours en état de choc. Trafiquants Cette migrante affirme avoir laissé ses deux enfants au Nigeria et a quitté son pays «à cause de la situation. La souffrance était trop (forte) pour moi et je n'avais aucune aide. Je travaillais comme coiffeuse. Quand je paie les frais de scolarité, la nourriture et des vêtements, je n'ai plus rien. C'est pourquoi j'ai décidé de partir» sur le conseil d'un ami, a-t-elle raconté. Les trafiquants profitent du chaos qui règne en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 pour faire passer chaque année des dizaines de milliers de migrants à destination de l'Italie, en leur demandant d'importantes sommes d'argent. Plus de 100 000 migrants et réfugiés sont arrivés depuis janvier en Europe, dont plus de 85 000 ont débarqué en Italie en traversant la Méditerranée depuis les côtes libyennes et 2247 sont décédés ou portés disparus, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). L'Italie a récemment menacé de bloquer l'entrée de ses ports aux navires battant pavillon étranger, dont ceux affrétés par exemple par les ONG françaises, espagnoles ou allemandes participant aux opérations de sauvetage au large de la Libye. Le gouvernement italien réclame aussi davantage de solidarité de la part de ses partenaires européens, dont bien peu respectent les quotas d'accueil de migrants pourtant décidés par l'Union européenne. La Libye demande aussi de l'aide à l'Europe, notamment pour surveiller ses frontières sud d'où transitent la plupart des migrants venus d'Afrique subsaharienne.