Les deux hommes ont pris leur temps pour ce premier tête-à-tête : deux heures et quart de discussions. Il est vrai que les dossiers ne manquaient pas. «Tous ont été à peu près abordés (...) Ni l'un ni l'autre ne voulait mettre un terme» à la réunion, a assuré le chef de la diplomatie, Rex Tillerson. «Il y a très clairement une alchimie positive entre eux», a-t-il ajouté. «C'est un honneur d'être avec vous», a déclaré le président américain à l'entame de cet entretien. «Je suis ravi de vous rencontrer», a assuré son homologue russe. Et d'ajouter : «J'espère que (...) cette rencontre se soldera par un résultat posi- tif». Très attendu, le premier tête-à-tête entre Donald Trump et Vladimir Poutine s'est tenu vendredi en début d'après-midi en marge du sommet du G20 à Hambourg. Les deux présidents étaient «ravis» de se rencontrer après la polémique qui avait entouré la prétendue implication du Kremlin dans les élections américaines. D'ailleurs Vladimir Poutine n'a pas manqué l'occasion pour opposer un démenti catégorique à ces «rumeurs». Cependant, à en croire le secrétaire d'Etat américain, l'entretien n'a pas toujours été un long fleuve tranquille. Il l'a ainsi qualifié de «très vigoureux», notamment en raison des soupçons d'interférences russes dans l'élection américaine qui constituent, ajoute Tillerson, «un obstacle significatif» dans les relations entre les deux pays. Selon Washington, Donald Trump s'est montré à l'offensive face à Vladimir Poutine sur la question très sensible des ingérences russes présumées dans l'élection présidentielle américaine, qui empoisonne son début de mandat. D'après Moscou, le président américain a «accepté» les dénégations russes sur ce point. «Le président Trump a dit qu'il avait entendu des déclarations claires (...) et qu'il accepte ces déclarations», a ainsi fait savoir le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. A noter qu'avant cette rencontre, les deux dirigeants se sont parlé au téléphone à quatre reprises depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier dernier. Le président américain avait alors laissé entrevoir un rapprochement entre les deux pays. Mais depuis, la relation entre Moscou et Washington s'est crispée, en raison de soupçons de collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump et le Kremlin, et de nouvelles sanctions contre la Russie dans la crise ukrainienne. L'entretien entre Poutine et Trump a eu lieu alors que les autres chefs d'Etat et de gouvernement se retrouvaient en une réunion de travail consacrée au climat et à l'énergie. Le chef d'Etat américain adresse une provocation envers l'hôte du sommet, la chancelière allemande Angela Merkel, et le président français Emmanuel Macron, qui plaident tous les deux la cause de l'accord international sur le climat. Mais ce ne sera pas le seul sujet conflictuel, précise la journaliste Véronique Rigolet, étant donné les velléités protectionnistes du président Trump sur le plan commercial. Sur un autre chapitre, et dans un projet de communiqué final, les autres membres du G20 disent prendre acte de l'isolement de Washington sur le climat et qu'ils entendent appliquer l'accord de Paris, le considérant comme «irréversible». Soucieux de ramener son homologue américain à la raison, le président Macron entend néanmoins le ménager, car les Etats-Unis restent incontournables sur les dossiers militaires, à commencer par la lutte contre le terrorisme, par exemple en Afrique. C'était le premier sujet, très consensuel, à l'ordre du jour ce vendredi matin, avant d'attaquer dans l'après-midi les sujets conflictuels.