Paru aux éditions Casbah, dans la collection «Mémoire», cette nouvelle publication, «Ils ont honoré la patrie» de Sophia Ammad Aiï Ghobri, rend un vibrant hommage aux poètes et aux guerrières qui ont combattu par la plume ou les armes. L'auteure, à travers des documents et des archives, revisite ces héros et ces héroïnes qui ont sacrifié leur vie pour le combat juste et noble de la liberté et de l'indépendance. A travers une kyrielle de personnages, à l'image de Kateb Yacine, Fadéla Saâdane, Larbi Ben M'Hidi, Ahmed Rédha Houhou, El Ghobrini, ce livre rappelle le récit de leur vie, de leurs luttes et de leurs préoccupations . Ces poètes et ces guerrières ont fait l'histoire par leurs écrits et leurs faits d'armes. Ce rappel initié par Sophia Ammad Aït Ghobri vise à raviver leurs mémoires. Dans ce panel de personnalités littéraires et de héros de la Guerre de libération nationale, on retrouve Chebbah Mekki, Kateb Yacine, Salem Kacet, El Ghobrini, Ahmed Rédha Houhou, Roi d'Alger, Sid Ahmed Ould Cadi, Fadila Saâdane, Chabha, Malha, Ferroudja, Fatima, Mohand Oukaci, Areski Aït Ouali, Larbi Ben M'Hidi et Amar Ouzegane. Pour la plupart, ce sont des personnages célèbres ou peu méconnues, dont on ne peut que s'en targuer, qui ont écrit un pan de l'histoire glorieuse de leur pays. Ils ont honoré la patrie met l'accent sur la trajectoire brillante et le combat illustre de ces hommes et de ces femmes pour qui l'indépendance est le but suprême pour mettre fin à l'oppression, à la violence et à l'injustice. Par leurs écrits, romans, poèmes et pièces de théâtre, ils ont bravé l'ordre colonial comme entre autres Kateb Yacine, qui dénonce par cette magnifique ode, la sujétion des Algériens lors des sanglants événements d'Octobre1961 à Paris : «Peuple français, tu as tout vu, oui, tout vu de tes propres yeux, tu as vu le sang couler, tu as vu la police assommer les manifestants, Et les jeter dans la Seine. La Seine rougissante n'a pas cessé les jours suivants de vomir à la face du peuple de la Commune ces corps martyrisés, Qui rappelaient aux Parisiens leurs propres révolutions, leur propre résistance. Peuple français, tu as tout vu de tes propres yeux, Et maintenant, vas-tu parler ? Et maintenant, vas-tu te taire ?». C'est une poésie expressive qui évoque son engagement en faveur de cette violence. D'autres , par leur héroïque combat, comme Fadila Saâdane. En femme rebelle et courageuse, elle s'engage pour la Révolution, en 1956, à l'appel de la grève de l'Ugema, délaissant son baccalauréat. Rejoignant les rangs du FLN, elle intègre avec d'autres moudjahidine une cellule politico-administrative, et part étudier en France. A son retour au pays, et suite au décès de sa sœur Meriem, mutilée par l'armée coloniale, elle rejoint un commando de fidaines des villes rendu célèbre par la Bataille d'Alger. Elle fut une des rares femmes à assister aux réunions des chefs de zones de la wilaya II. C'est à Constantine où elle activait, qu'elle mourut les armes à la main à l'âge de 22 ans. Lorsque l'on lit le récit de tous ces héros, on ne peut que s'enorgueillir de ce peuple qui a bravé, à l'époque, une puissance comme la France avec peu de moyens. Cet ouvrage de Sophia Ammad Aït Ghobri remet les pendules à l'heure pour les générations futures, afin qu'elles apprennent que leurs aînés ont sacrifié leurs vies pour l'amour de la patrie. Un bel exemple d'altruisme et de patriotisme !