L'invitant à concrétiser sa politique de dialogue, l'intersyndicale autonome de la Fonction publique appelle Abdelmadjid Tebboune à lui accorder une audience. Les 16 syndicats autonomes regroupés au sein de l'intersyndicale adresseront au plus tard vers mi-août prochain un courrier au Premier ministre, à l'effet de discuter des trois dossiers qui constituent leur cheval de bataille. On parle du retrait de la nouvelle loi sur la retraite, de la participation à l'élaboration du nouveau code du travail et de la question portant sur la préservation du pouvoir d'achat des travailleurs. C'est ce qui a été décidé, hier, lors de la réunion qu'ils ont tenue au siège de l'Unpef à Alger. «Nous allons adresser un courrier au Premier ministre pour le mettre au courant des problèmes posés et demander la concrétisation de sa politique de dialogue à travers une audience avec l'intersyndicale. Une sorte de rencontre bilatérale avec le gouvernement», affirme Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, joint par nos soins. Dès sa nomination à la tête de l'Exécutif, Abdelmadjid Tebboune a, rappelle-t-on, expliqué qu'il ferait du dialogue avec tous les partenaires sociaux une ligne de conduite et une base de travail. Désormais, les syndicats autonomes, souvent exclus des rencontres tripartites, veulent du concret, à commencer donc par une audience, d'autant qu'«il n'y a plus de doute sur notre représentativité du monde du travail», soutient M. Boudiba. A défaut de l'ouverture d'un dialogue qu'elle veut «sérieux», l'intersyndicale menace de revenir à la charge dès la prochaine rentrée sociale. Une réunion se tiendra au début du mois de septembre pour «décider d'un plan d'action, selon le traitement que réservera le gouvernement à nos revendications concernant les dossiers de la retraite, du code du travail et du pouvoir d'achat», précise notre interlocuteur. L'intersyndicale est, dit-il, résolue à poursuivre le combat pour préserver les acquis des travailleurs et arracher leurs droits. Autre point abordé hier par l'intersyndicale, celui relatif au projet de création d'une confédération. La commission chargée d'élaborer le projet des statuts, indique notre source, «a presque finalisé son travail». Une fois la copie adressée aux syndicats pour validation, une adoption se fera en septembre prochain pour «finaliser durant le même mois les procédures de dépôt de dossier d'agrément» auprès du ministère du Travail, de l'Emploi et de la sécurité sociale. Il faut dire que c'est un projet auquel tiennent beaucoup les syndicats autonomes qui veulent constituer un poids face au monopole de la centrale syndicale UGTA qui s'est érigée en tant qu'interlocuteur exclusif du gouvernement lorsqu'il s'agit de décider de l'avenir des travailleurs. Quant à l'avant-projet du code de travail, les représentants des syndicats réunis hier se sont mis d'accord sur la nécessité d'accélérer le travail de la commission ad hoc pour finaliser l'étude de la mouture présentée par le ministère de tutelle et arriver à élaborer un projet alternatif. «Un projet que l'intersyndicale compte proposer au gouvernement pour qu'on soit partie prenante dans l'élaboration du texte final qui sera adopté», nous dira Messaoud Boudiba, évaluant l'avancement du travail de la commission actuellement «entre 20 et 30%». Réagissant au contenu du plan d'action du gouvernement adopté au parlement et aux propos du Premier ministre sur le dialogue, l'intersyndicale estime que «ce n'est pas la première fois que l'on entend ce genre de promesses». «Il faut une volonté politique pour un dialogue sérieux avec les syndicats autonomes qui ont prouvé une présence sur le terrain par la mobilisation. Une concertation sur tous les dossiers concernant les travailleurs», explique le porte-parole du Cnapeste, regrettant dans le plan d'action du gouvernement «un désengagement graduel de l'Etat vis-à-vis du soutien social et aucun nouveau sur le dossier de la retraite».