L'assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou a tenu, mercredi dernier, une session extraordinaire consacrée exclusivement aux derniers incendies ayant touché de nombreuses localités de la wilaya. La tenue de cette session, une semaine après le déclenchement des importants incendies ayant touché de nombreuses localités de la wilaya et les innombrables dégâts occasionnés, notamment la mort d'un citoyen dans la commune d'Aït Yahia Moussa, a d'ailleurs suscité une polémique entre le représentant du groupe des élus RCD et le président de l'APW d'obédience FFS, juste après l'entame des travaux. L'élu de l'opposition qui représente le groupe RCD à l'hémicycle a tenu, lors de son intervention, juste après celle du président de l'APW, Mohamed Msela, à critiquer la démarche de la majorité des élus à l'APW, représentée par la coalition FFS-FLN et RND, qui a attendu, selon lui plus, d'une semaine pour la tenue de cette réunion alors que «convoquer une session au début des incendies aurait permis aux élus de mettre les autorités du pays face à leurs responsabilités, et exiger d'elles des moyens conséquents en rapport avec l'ampleur de la tragédie», affirme l'élu du groupe RCD. Dans sa réponse, le président de l'APW, tout en expliquant que l'exécutif de son assemblée s'est réuni juste au lendemain de la vague d'incendies qui a touché la wilaya, soit le jeudi 13 juillet, pour débattre de la tenue d'une session extraordinaire, n'a pas mâché ses mots à l'adresse des élus du RCD. C'est du tac au tac : «Nous vous rappelons seulement que lors des intempéries de 2012 qui ont touché la wilaya, cette même assemblée dont vous étiez à l'époque majoritaires a attendu plus d'un mois pour la tenue d'une session extraordinaire consacrée à cette catastrophe naturelle», affirme le P/APW en réponse au groupe RCD. Lors de son allocation d'ouverture, Mohamed Msela, tout en revenant sur le constat établi sur les lieux des incendies par son institution, notamment dans la région d'Aït Yahia Moussa, a tenu à regretter l'insuffisance des moyens mobilisés pour maîtriser ces importants incendies. «Heureusement et comme toujours d'ailleurs, le salut n'est venu que de la population que je salue au passage, qui a montré un élan de solidarité jamais égalé. La mobilisation citoyenne et l'apport des agents de la Protection civile ont pu limiter l'ampleur de la catastrophe», affirme le P/APW à l'adresse de l'assistance en cette session, marquée par l'absence du wali qui était en compagnie de la ministre de l'Environnement en visite le jour même dans la wilaya. «Le ministre de l'Intérieur s'est engagé à indemniser toutes les victimes, de renforcer les moyens de la Protection civile, de dégeler le projet portant réalisation de 11 postes avancés de la Protection civile inscrits à l'indicatif de notre wilaya, de l'ouverture de pistes agricoles et aussi de l'organisation d'opération de plantation d'arbres fruitiers et d'oliviers», ajoute le P/APW, non sans affirmer la nécessité de prendre des mesures urgentes et efficientes pour éviter que de tels drames ne se reproduisent plus. «Nous demandons aussi que tous les engagements pris soient tenus dans les meilleurs délais possibles. Il faut impérativement procéder au relogement rapide des familles sinistrées et à l'indemnisation immédiate de toutes les victimes», ajoute-t-il, non sans appeler l'Etat à mettre les grands moyens à la disposition des sapeurs-pompiers, et de doter la wilaya de deux colonnes mobiles de la Protection civile ainsi que l'ouverture de pistes afin de faciliter l'accès aux propriétés. «Doter la wilaya de vrais moyens d'intervention» Des doléances qui reviennent tel un leitmotiv chez tous les intervenants à cette session, y compris le directeur de la Protection civile de la wilaya et celui de la conservation locale des forêts. «Les derniers incendies, qui ont ravagé des milliers d'hectares de forêts dans différentes localités, a mis en exergue l'inefficacité des pouvoirs publics à faire face à ce genre de calamité», affirme Ramdane Ladaouri, président de la commission agriculture, forêt, hydraulique, pêche et tourisme à l'APW. Selon lui, la lenteur dans l'intervention de la Protection civile dans la commune d'Aït Yahia Moussa a mis en exergue une défaillance dans la prise de décisions. «Vu l'ampleur des dégâts et l'intensité de l'incendie, il fallait faire appel rapidement au renfort des wilayas limitrophes. La Protection civile de la wilaya de Tizi Ouzou, avec ces 16 unités, reste très vulnérable à ce genre de catastrophe. Donc, il est urgent de doter notre wilaya de véritables moyens tels que les canadairs, et de dégeler toutes les opérations de construction d'unités d'intervention touchées par la restriction budgétaire», ajoute-t-il, non sans critiquer le fonctionnement actuel des différents plans Orsec mis en place au niveau de la wilaya. «Le plan Orsec ne doit plus être une simple mesure administrative mais un outil à doter de tous les moyens nécessaires pour les intervenants, à savoir les communes, les services des forêts et la Protection civile, avec une coordination effective qui sera faite par une commission permanente au niveau de la wilaya», suggère le même élu. Pour le représentant de la Protection civile, ses éléments dont la mission ne concerne pas uniquement, selon ses dires, les incendies de forêts, ont effectué depuis le début de l'été 15 782 sorties de secours, dont 869 incendies de végétation et 124 incendies de forêts sur le territoire de la wilaya, ayant causé la mort d'une personne, deux brûlés sauvés, dix personnes asphyxiées sauvées, des centaines de ruches d'abeilles brûlées, des maisons, des poulaillers, des écuries et des gourbis touchés par les flammes. Ces incendies ont causé, également, la destruction de 2 285 ha de végétation et la perte de 50 824 arbres fruitiers. Selon le même responsable, 101 feux de forêts se sont déclenchés depuis le début du mois de juillet à travers la wilaya de Tizi Ouzou, dont 51 feux entre le 11 et 13 juillet. Des incendies qui ont été signalés dans de nombreuses régions de la wilaya, notamment à Tizi Gheniff, Aït Yahia Moussa, Boghni, Larbaâ Nath Irathen, Ifigha, Ouaguenoun, Tizi Rached, Aït Oumalou, Azeffoun et Bounouh.