L'opinion publique mondiale considère à une courte majorité que les Etats-Unis restent le leader économique, mais ce n'est plus le cas en Europe, selon un sondage effectué par le Pew Research Center de Washington. Pour juger de l'importance économique d'un pays sur l'échiquier international, on peut s'en tenir aux chiffres de production, les fameux PIB tels que les établissent le FMI et la Banque mondiale. Et à cet égard les Etats-Unis arrivent en tête devant la Chine pour le PIB en dollars, et c'est l'inverse quand on calcule les PIB en «parité de pouvoir d'achat», ce que beaucoup d'observateurs considèrent comme plus représentatif des réalités économiques concrètes (on vit plus facilement avec un même dollar dépensé à Pékin qu'à New York). Mais il est une autre façon de juger des performances nationales et du leadership des nations : elle consiste à interroger les populations elles-mêmes. «Quelle est selon vous la puissance économique mondiale?». Cette question, le Pew Research Center - centre de recherche américain indépendant de Washington financé par le Pew Charitable Trusts et réputé mondialement pour ses sondages d'opinion - la pose chaque année au printemps. L'enquête est lancée dans les 38 pays les plus importants de la planète (sauf en Chine), déployant des moyens considérables (un millier de sondés dans chaque pays). Cette année encore une majorité des gens interrogés (42%) place les Etats-Unis en premier devant la Chine (32%). Parmi les pays consultés, l'Amérique latine, l'Asie et les rares Etats d'Afrique subsaharienne du panel, cet avis est prédominant. Il l'est encore plus auprès des Américains eux-mêmes dont 51% mettent leur pays en tête plutôt que la Chine (35%). En revanche le Canada, l'Australie, la Russie et sept pays européens sur dix, considèrent aujourd'hui la Chine comme la puissance économique dominante. C'est notamment l'opinion majoritaire des Anglais, des Allemands, des Français, des Espagnols et des Néerlandais. En France, par exemple, 47% des gens placent la Chine en tête, devant les Etats-Unis (37%), alors que 7% des sondés attribuent ce rôle dominant au Japon et 7% à l'Union européenne dans son ensemble. De leur côté, les Allemands considèrent pour 41% d'entre eux que la Chine est le leader, 21% accordant cette place aux Etats-Unis, 5% au Japon et 25% à l'Union européenne. Il faut noter que la somme des pourcentages n'est pas égale à 100, compte tenu des personnes qui ne se prononcent pas. Effet Trump «Au cours des années passées, la perception d'une prédominance économique des Etats-Unis a décliné dans de nombreux Etats partenaires clés et alliés de l'Amérique», soulignent les experts du Pew Research Center. Ils constatent en outre que «cette tendance est perceptible dans plusieurs pays européens, où les opinions sur les équilibres entre pays ont fluctué dans les années récentes. À la suite de l'éclatement de la crise financière il y a presque dix ans, les Européens ont de façon croissante placé la Chine plutôt que les Etats-Unis, comme la puissance économique dominante. Puis dans les années récentes, alors que l'économie américaine se reprenait lentement, le pendule est revenu en faveur des Etats-Unis. Cette année toutefois (2017), la tendance s'est inversée à nouveau» (aux dépens des Etats-Unis), et donc à la suite de l'élection de Donald Trump. Au-delà de la domination économique en tant que telle, l'étude de Pew Research interroge les gens sur l'opinion qu'ils se font des principaux leaders politiques à l'échelle internationale. Pour l'ensemble des personnes interrogées quelle que soit leur nationalité, 53% disent ne pas avoir confiance dans le président chinois Xi Jinping «pour gérer les affaires du monde». La défiance atteint 59% à l'égard de Vladimir Poutine et elle culmine à 74% à l'encontre de Donald Trump. «La chancelière allemande Angela Merkel est le seul leader mondial inclus dans le sondage qui reçoit une appréciation relativement positive, 42% ayant confiance en elle contre 31% étant de l'avis contraire», souligne le Pew Research. Et ce centre d'observation transpartisan et reconnu comme tel outre-Atlantique n'hésite pas à enfoncer le clou: «l'image des Etats-Unis se détériore alors que les opinions publiques à travers le monde mettent en doute le leadership de Trump».