Le virus responsable de la pandémie de grippe espagnole en 1918 a créé une dynastie virale qui persiste aujourd'hui, selon une étude américaine publiée lundi dans le New England Journal of Medicine. Non seulement le virus H1N1 de la grippe espagnole a fait plusieurs dizaines de millions de morts dans le monde en 1918 mais il s'est aussi transmis aux porcs durant cette pandémie et continue à évoluer aujourd'hui, expliquent les auteurs de cette recherche. «Les descendants de ce virus (H1N1) ont continué à circuler durant neuf décennies», relève Anthony Fauci, directeur de l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (Niaid), un des auteurs de cette recherche. «C'est ainsi que depuis 1918, ce virus tenace a recouru à un ensemble de ruses d'évolution pour survivre sous une forme ou une autre et a engendré un ensemble de progénitures virales dotées de nouveaux gènes grâce à l'importation ou à l'exportation de gènes viraux», expliquent ces chercheurs. «Tous les virus de la grippe de type A circulant chez les humains aujourd'hui — ceux responsables de la grippe saisonnière comme des pandémies — sont des descendants directs ou indirects de la souche du virus de 1918», relève le docteur Jeffrey Taubenberger, un virologue du Niaid. «On peut de ce fait considérer que l'on vit dans une période pandémique depuis 1918», ajoute-t-il. Tous les virus de la grippe ont huit gènes, dont deux sont codés pour produire les protéines hémagglutinine (H) et neuramindase (N) qui leur permettent d'entrer dans les cellules hôtes et de se propager. Il existe 16 sous-types H et neuf sous-types N faisant qu'il y a 144 combinaisons HN possibles. Mais seulement trois (H1N1, H2N2 et H3N2) ont été observées à ce jour comme capables d'infecter des humains. D'autres combinaisons telle H5N1 de la grippe aviaire n'ont infecté qu'un petit groupe d'humains.