Des chercheurs américains ont identifié un groupe de trois gènes qui expliquent la gravité de l'épidémie de grippe espagnole qui a décimé le monde à la fin de la Première Guerre mondiale. Durant l'hiver 1918-1919, la grippe espagnole a tué entre 20 et 50 millions de personnes dans le monde. Soit plus de victimes que durant toute la Première Guerre mondiale. Cette pandémie est due à un virus H1N1 probablement passé directement des oiseaux à l'homme, sans passer par l'étape de recombinaison chez un animal intermédiaire, comme le font les virus saisonniers de la grippe. Les nombreuses autopsies de victimes de cette pandémie révélaient souvent des poumons remplis de liquide et gravement endommagés par des hémorragies importantes. Les virologues ont avancé l'hypothèse que la capacité du virus H1N1 à envahir les poumons s'expliquait par une virulence exceptionnelle. Dans les annales de l'Académie nationale américaine des sciences, des chercheurs affirment que cette virulence s'explique par l'action de trois gènes qui ont notamment permis au virus de se reproduire dans les tissus pulmonaires. La découverte des trois gènes responsables et de leur rôle dans le développement de l'infection dans les poumons est importante car elle pourrait ouvrir la voie à une identification rapide de la virulence potentielle d'une nouvelle souche virale d'une pandémie, relève le docteur Kawaoka, virologue, un des deux principaux co-auteurs de cette étude. Ces trois gènes pourraient aussi devenir la cible d'une nouvelle classe d'antiviraux à développer d'urgence, car des vaccins ne pourront probablement pas être produits suffisamment rapidement au début d'une pandémie pour arrêter sa propagation, ajoute-t-il.