Plusieurs cas de putréfaction de viande de moutons sacrifiés, à l'occasion de l'Aïd el Adha, ont été enregistrés dans certaines wilayas du pays. Les raisons avancées par le ministère de l'Agriculture, ne sont pas partagées par les associations de protection des consommateurs et de certains vétérinaires. Le non-respect des conditions d'hygiène, de conservation de la viande et de la chaine de froid, n'expliquent pas à elles seules le pourrissement de la viande. Contacté par nos soins, la vétérinaire Nour el Houda Saidi, affirme que la viande contaminée est impropre à la consommation. Selon elle, «la putréfaction de la viande résulte à l'exposition aux fortes chaleurs, du point de vue scientifique», ajoutant que jusqu'à présent, les recherches «n'ont toujours pas déterminé les effets des compléments alimentaires d'origine animale et hormonale, utilisés dans l'engraissement des ovins, sur la viande». Toutefois, notre interlocutrice estime nécessaire qu'une enquête soit ouverte sur la base des analyses qui doivent être accomplies sur des échantillons de viande pourrie, pour déterminer l'existence ou pas d'autres causes. «Je n'écarte pas la possibilité que des médicaments soient administrés à ces bêtes, peut de temps avant leur vente. Certaines injections requièrent un temps d'attente, pour que leurs effets passent» explique-t-elle. La thèse du surdosage alimentaire reste plausible, selon elle. «Certains éleveurs recourent à l'utilisation d'aliments d'origine animale, beaucoup moins chers que les aliments de bétail d'origine végétale» explique-t-elle. Par contre, Dr Boudi, également vétérinaire, rejoint l'avis du ministère de l'Agriculture. «La cause réelle de la putréfaction de la viande résulte dans la rupture de la chaine de froid et le non respect des conditions d'hygiène» dit-elle. «Après l'accomplissement du rituel du sacrifice, les carcasses sont laissées dehors dans des endroits où il fait très chaud. Alors qu'au niveau des abattoirs, la viande est conservée à une température de 6°» explique-t-elle. Avant d'ajouter que «les pouvoirs publics n'hésiteront pas à mettre la lumière sur d'autres faits s'ils existent. Il y va de la santé de la population». Pour l'association de protection du consommateur, les compléments alimentaires utilisés par les éleveurs sont la cause directe de ce phénomène, accuse Mustapha Zebdi, président de l'Association Apoce, qui révèle qu'une plainte contre X sera déposée, «pour mise en danger de la vie des citoyens». Zebdi, également médecin, avertit que «des diarrhées, des maux d'estomac, des nausées et des vomissements, des infections ou crampes d'estomac, peuvent être provoqués suite à la consommation de cette viande contaminée». Des centaines de requêtes ont été enregistrées à Alger, Oran et Constantine. Pour certains vétérinaires, la putréfaction est due à un «surdosage de compléments alimentaires ajoutés aux fourrages consommés par les moutons sacrifiés». Pour sa part, le ministère de l'Agriculture estime qu'il ne s'agissait pas de putréfaction, mais de «décolonisation» de la couleur de la viande. Les services vétérinaires du ministère relèvent dans leur rapport préliminaire «les mauvaises conditions de conservation et le non-respect de la chaîne de froid lors du déplacement des carcasses de moutons». Le chef de service des vétérinaires au ministère de l'Agriculture, Dr Djamila Hadj Amar estime que «la viande commence à prendre une couleur verdâtre, c'est ce qu'on appelle le début d'une dégradation superficielle». Selon le rapport de l'enquête du ministère, dans certains cas, «la viande aurait trainé chez les bouchers pour la découpe de leur mouton, sans respecter la chaîne de froid». Des centaines de cas de putréfaction de viande ont été signalés dans la capitale et dans d'autres régions du pays. Sitôt fait, les services vétérinaires ont été mobilisés et ont pris des échantillons de viande pour effectuer des analyses au niveau des laboratoires. En attendant les résultats de l'enquête, les vétérinaires conseillent aux citoyens ayant constaté un changement de couleur de leur viande de ne pas la consommer et de se rapprocher des services vétérinaires les plus proches.