Dix jours après l'adoption qui se fera demain en Conseil des ministres, du plan d'action du gouvernement, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, descendra au Parlement pour convaincre les députés. Le chef de l'Exécutif ne perd pas beaucoup de temps et tient à se mettre au travail le plus tôt possible. Sa feuille de route sera présentée demain à la réunion du Conseil des ministres, a-t-il révélé, hier, en marge de l'ouverture de la session parlementaire unique de l'APN. «Le président réunira, ce mercredi, le Conseil des ministres», a déclaré à la presse M Ouyahia, ajoutant que la présentation de son plan d'action devant le Parlement «interviendra une dizaine de jours après». En d'autres termes, le rendez-vous tant attendu entre le patron du Palais du Docteur Saâdane et les députés, institué par l'article 94 de la Constitution, pourrait être fixé pour le 16 du mois en cours, ou au-delà de cette date. Certaines sources évoquent déjà le 18 octobre. Quoi qu'il en soit, si la présentation du plan d'action du gouvernement devant le Parlement reste un rendez-vous ordinaire, il y a cependant dans les déclarations d'Ahmed Ouyahia, un autre message. Celui-ci est destiné à démentir toutes les spéculations sur l'incapacité du chef de l'Etat à gérer les affaires du pays. Une réponse indirecte à certains partis et acteurs politiques de l'opposition, notamment Ali Benflis et Djilali Sofiane, qui ont appelé récemment à actionner l'article 102 de la Constitution concernant «la vacance du pouvoir» et «l'état d'empêchement du président». En réunissant son Conseil des ministres, Bouteflika donnera l'image d'un président en place qui exerce ses fonctions, malgré les difficultés physiques pour cause de maladie. Chose qui est désormais du domaine public, comme le dit d'ailleurs à chacune de ses sorties médiatiques M Ouyahia. Depuis la nomination d'Ouyahia, le 15 août dernier, en remplacement d'Abdelmadjid Tebboune, limogé après trois mois passés au poste de Premier ministre, le nouveau chef de l'Exécutif n'a fait aucune sortie sur le terrain et n'a pas été très actif non plus. A l'exception, peut-être, de la signature de deux décrets, dont l'un mettant fin à l'inspection générale et l'autre annulant les nouvelles dispositions concernant les licences d'importation. L'accélération de la machine à travers les deux étapes que traversera son plan d'action, au niveau du Conseil des ministres d'abord, puis au niveau du Parlement, lui permettra, en effet, de se libérer et d'entamer son travail. Car, faut-il le dire, avec la " majorité parlementaire " dont disposent les partis du pouvoir, le FLN, le RND, TAJ, MPA et autres petites formations satellites, l'adoption du projet de plan d'action du gouvernement au niveau des deux Chambres, est déjà acquise. Ce qu'il faut attendre par contre, c'est le grand oral d'Ouyahia devant les députés pour convaincre et répondre à toutes les critiques émanant de l'opposition. Et l'on sait déjà combien ils sont nombreux les parlementaires des partis de l'opposition (MSP, RCD, FFS, PT…) qui l'attendent au tournant. Ce qui promet de chauds débats à l'Assemblée populaire nationale. Ouyahia défend les projets de montage de véhicules et s'interroge : " Pourquoi sommes-nous pressés ? " Le gouvernement n'a aucune intention de revoir sa politique industrielle concernant le montage de véhicules. Après le tapage médiatique fait autour de cette industrie montante, sous l'ex-ministre de l'Industrie Mahdjoub Bedda, voilà qu'Ahmed Ouyahia suggère que le chemin est très long et nécessite de la patience. Interrogé, hier, en marge de l'ouverture de la session annuelle du Conseil de la nation, le Premier ministre a répliqué en faisant remarquer que «le Japon et la Corée du Sud, qui sont les leaders mondiaux dans le domaine de l'automobile, avaient débuté avec le boulon et le tournevis». Et de s'interroger : «Pourquoi sommes-nous aujourd'hui pressés en Algérie d'atteindre ce niveau?». Des propos qui sonnent comme un désaveu pour la feuille de route que comptait appliquer son prédécesseur Abdelmadjid Tebboune, à travers son ministre de l'Industrie. D'ailleurs, Bedda n'a pas survécu au limogeage de l'ex-premier ministre dont le règne a duré moins de trois mois. Il est vrai que beaucoup d'anomalies sont relevées dans l'industrie de montage de véhicules, notamment en matière de respect des cahiers des charges, des taux d'intégration exigés, du rapport qualité-prix et surtout de la cherté du produit, comparativement au marché international. Mais, à en croire les déclarations du premier ministre, il n'y aura aucune commission pour la révision du cahier des charges. Chose qui avait été entamée sous Tebboune. Ouyahia, lui, semble vouloir opter pour un développement graduel de l'activité, pour ne pas casser les volontés d'investissement et ne pas donner une mauvaise image aux partenaires étrangers de l'Algérie qui comptent s'installer dans le pays en y implantant des unités de production. Par ailleurs, le chef de l'Exécutif, relancé sur le système des licences d'importation, a réaffirmé que son gouvernement n'ira pas vers une annulation définitive, sauvegardant ainsi ce qui a été instauré du temps de Sellal. «Le décret élaboré par l'ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, reste en vigueur», a déclaré Ouyahia. Ce qui a été abrogé, ce sont donc les nouvelles dispositions introduites par Tebboune. Le 27 aout dernier, les services du Premier ministère avaient précisé dans un communiqué que «le décret exécutif du 6 décembre 2015 instaurant le régime des licences de biens et de marchandises demeure en vigueur». Des précisions venues suite à une confusion née de l'interprétation du décret signé par Ouyahia annulant celui de son prédécesseur sur le même registre. Il revient, de ce fait, à l'administration du Commerce de régir les licences d'importation. Enfin, et sur le plan de la monnaie, Ahmed Ouyahia a révélé qu'un décret exécutif portant politique de la monnaie et du crédit est en cours d'élaboration. Ce texte devra permettre la création de nouvelles sources de financement internes et non conventionnelles dans l'objectif alimenter le Trésor public.