Jusque-là la rentrée sociale se passe dans le calme. Mais, est-ce le beau temps qui précède la tempête ? Visiblement, la réponse est chez les syndicats autonomes qui promettent de ne pas se laisser faire. Le temps que la quiétude de la rentrée scolaire, sociale et politique, passe, le bras de fer gouvernement-syndicats autonomes ressurgira tôt ou tard. Et pour cause, l'intersyndicale autonome de la Fonction publique qui englobe une quinzaine de syndicats, ne compte pas accorder de quitus à Ahmed Ouyahia. Une réunion est prévue pour le 16 septembre prochain pour décider des suites à donner au mouvement et à la dynamique, enclenchés depuis plusieurs mois, contre la réforme de la retraite d'abord, par la suite le nouveau code du travail et pour la préservation du pouvoir d'achat des algériens qui ne cesse de se détériorer. Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) est convaincu que l'option de protestation est sérieusement envisageable. «C'est l'un (la protesta) des points inscrits à l'ordre du jour de la réunion de l'intersyndicale fixée pour le 16 du mois en cours», nous a déclaré Dr Merabet, joint par nos soins hier. Pour lui, le gouvernement ne laisse presque pas de choix aux syndicats autonomes. Par leur attitude, les autorités poussent le front social à la révolte. Notre interlocuteur explique que les slogans ne sont pas suivis d'actes. L'arrivée du nouveau ministre du Travail, de l'Emploi et de la sécurité sociale, à la tête de ce département, a donné des espoirs pour que la feuille de route tracée sous Mohamed El Ghazi, soit poursuivie. Finalement, Morad Zemali n'a, pour le moment, fait aucun pas en direction des syndicats autonomes, qui mérite d'être pris comme signe de bonne volonté. Bien au contraire, c'est le dialogue des sourds. «Nous avons demandé audience, mais nous n'avons reçu aucune réponse. C'est incompréhensible comme attitude pour le gouvernement qui s'engage à ouvrir le dialogue avec nous et nous tourne le dos juste après», s'indigne le président du SNPSP. A ses yeux, la démarche du ministère du Travail est à l'image de la politique du gouvernement qui ne reconnait que l'UGTA comme partenaire social lorsqu'il s'agit de décider de l'avenir des travailleurs. D'ailleurs, il rappelle qu'«une autre demande d'audience a été adressée au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, après le limogeage de Abdelmadjid Tebboune, afin de discuter de la possibilité d'organiser une bipartite gouvernement-syndicats, mais aucune suite n'est donnée jusqu'à présent». Maintenant que les députés ont fait leur rentrée et que l'agenda s'annonce chargé en terme de loi qui engagent l'avenir du monde du travail, les syndicats autonomes semblent conscients que cette 8e législature est un rendez-vous avec l'histoire où il faut se battre pour préserver les acquis sociaux arrachés au prix de sacrifices. «La base est consciente des enjeux de cette rentrée. Des projets de lois importants sont au menu. D'où la mobilisation générale des troupes pour défendre les intérêts des couches travailleuses», assure pour sa part Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Le fait que la rentrée se soit déroulée dans le calme, «pour ces premiers jours» n'est pas un paramètre à prendre en compte pour le reste de l'année. Le temps qui nous sépare de la réunion de l'intersyndicale prévue le 16 septembre, semble comme un ultimatum pour le gouvernement afin de réviser ses cartes et peser le poids des syndicats à faire bouger la rue. «Nous n'avons pas voulu perturber la rentrée notamment pour nos élèves et enfants comme de tradition. Mais, d'ici le 16 septembre, nous continuerons de mobiliser nos militants afin de se tenir prêts à toute éventualité. Le retour à la protesta est imminent», prévient M. Amoura. C'est dire qu'à moins que le gouvernement ne lâche du lest et s'ouvre aux «partenaires sociaux autonomes» et les fait participer dans la prise de décision, d'autant qu'il y a désormais une intersyndicale qui regroupe 15 organisations de tous les secteurs, l'après-rentrée risque d'être chaud.