D'où Abdelmadjid Tebboune tient-il la prophétie d'une rentrée sociale calme ? À moins qu'il ne change de stratégie envers les syndicats autonomes de différents secteurs, ces derniers lui promettent une rentrée plutôt chaude. Le Premier ministre qui déclarait dimanche à l'occasion d'une réunion préparatoire de la prochaine tripartite que la rentrée de cette année sera «correcte, calme et sans problème», ne semble pas avoir bien pris la température du front social. Et pour cause, de nombreuses catégories de travailleurs de la Fonction publique et du secteur économique, en plus d'autres franges de la société, sont sur le qui-vive. L'UGTA à elle seule, partenaire exclusif du gouvernement, ne peut pas contenir la colère qui s'accumule et qui risque d'exploser d'ici quelques semaines. Regrettant «l'exclusion» des organisations autonomes de la prochaine tripartite, Boualem Amoura trouve «anormal» que des syndicats ayant prouvé leur force par la mobilisation sur le terrain, soient mis à la marge. «Nous avons démontré que nous drainons bien des foules et nous sommes les mêmes à pouvoir contenir la colère des travailleurs», estime le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Mais le syndicaliste, joint par nos soins, avertit que cette colère «ne peut être contenue indéfiniment». Selon lui, le Premier ministre se trompe car «la rentrée sociale sera chaude». «Tous les voyants sont au rouge. Il y a un musellement et une répression des libertés syndicales», fera-t-il remarquer, avant de regretter que la relation gouvernement-syndicat n'ait pas changé : «On a cru qu'il pourrait y avoir un changement dans la relation avec les syndicats après l'arrivée de Tebboune. Mais finalement on assiste à une continuité de la politique de Sellal». Boualem Amoura rappelle que «des dossiers comme la retraite, le code du travail et le pouvoir d'achat sont toujours en suspens». Le docteur Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), est du même avis. Tout en souhaitant que la prochaine rentrée se déroule comme le désire Tebboune, notre interlocuteur se demande pourtant «si l'on a vraiment réuni les conditions pour qu'elle soit calme». Le constat dit le contraire. «À notre niveau, les problèmes sont toujours posés, le dialogue avec les syndicats autonomes est un dialogue que le gouvernement rejette et l'espace de la Tripartite reste fermé et clos. Tout cela présage d'une rentrée sociale pour le moins pas calme», soutient le Dr Merabet. Non sans rappeler au chef de l'Exécutif ses engagements au lendemain de sa désignation, portant sur «la concertation et la consultation de tous les syndicats». Malheureusement, regrette notre interlocuteur, «lorsque nous nous retrouvons exclus, mal considérés et méprisés, la seule attitude qui reste plausible, c'est de nous manifester dans la protestation». «Et si la situation perdure d'ici la rentrée prochaine, avertit le président du SNPSP, nous allons réagir, et on n'a pas le choix». Plus clair dans sa réponse encore, Sadek Dziri pense qu'«il ne peut y avoir de rentrée calme sans la prise en charge des revendications des travailleurs». Le président de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) estime que le Premier ministre qui n'a pas répondu à la demande d'audience adressée par l'intersyndicale, «doit aller dans le sens de nous associer». C'est dire que rien ne pourra infléchir la détermination des syndicats autonomes à croiser le fer avec le gouvernement en septembre prochain. Et il n'y a pas qu'eux si l'on tient compte des fronts ouverts par des catégories comme les gardes communaux, les patriotes, les retraités de l'ANP, les communaux et les travailleurs de Sonelgaz, entre autres.