Le procureur général près le tribunal de Aïn Tadlas, dans la wilaya de Mostaganem, a requis un an de prison ferme et une amende de 20.000 DA contre le chef de Ahmadis en Algérie, Mohamed Fali, arrêté il y a une semaine. Selon le président de l'une des ailes de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), le procureur « n'a pas précisé le fondement » juridique de son réquisitoire. Maitre Salah Dabbouz a dénoncé ce qu'il qualifie de d'« inquisition (qui) travaille fortement contre les membres du groupe des Ahmadis ». L'avocat raconte que les questions du procureur ont tourné autour des « croyances de l'accusé », allant jusqu'à lui demander de prononcer « l'attestation de foi » et son opinion sur le prophète Jésus. Plus encore, s'étonne la même source, le représentant du parquet a demandé à Fali « de réciter des versets du Coran et des Hadiths du prophète Mohamed (QSSL) pour justifier ses !». Interpellé le 28 août dernier dans la maison de sa mère à Aïn Safra, le chef des Ahmadis a été mis en détention provisoire jusqu'à son transfert, mardi à la prison de Mostaganem. Il restera dans cet établissement pénitencier jusqu'au 13 du mois en cours, date à laquelle son affaire est mise en examen, précise Me Dabbouz. Ce dernier s'est indigné des conditions d'emprisonnement de l'accusé, révélant que durant les deux nuits du trajet qu'il a passées dans deux centres, Mohamed Fali « n'a pris qu'un sandwich, tandis que le médicament que le médecin lui a prescrit immédiatement après son arrestation ne lui a pas été administré », sachant que l'accusé est diabétique. Il partage, selon l'avocat, une salle de prison avec plus de 80 autres prisonniers. «Ils dorment dessus des couvertures sur le sol. Il y a deux coins avec des toilettes et un robinet », regrette l'avocat, qualifiant d'« inhumaines » ces conditions que vivent des prisonniers purgeant plusieurs années de prison. De nombreux adeptes algériens d'El-Ahmadia fondée par Mirza Ghulam Ahmad, en 1889 en Inde, sont poursuivis en justice pour plusieurs chefs d'inculpation dont « la collecte de fonds sans autorisation », «l'atteinte au Prophète (QSSL) » et « la constitution d'une association sans agrément ». Pour Mohamed Fali, son arrestation fait suite à un jugement rendu par défaut contre lui par le tribunal d'Aïn Tadlas, le condamnant à trois ans en prison ferme et à cinquante mille dinars d'amende. Dans son dernier rapport, l'OGN américaine Humans Rights Watch (HRW), a appelé les autorités algériennes à libérer le chef des Ahmadis et au respect de la liberté de culte, citant des «des restrictions policières» contre ce groupe. L'Algérie, à travers son ministre des Affaires étrangères, n'a pas hésité à répliquer à l'ONG. « La liberté de culte est garantie par la Constitution. Mais, toute pratique doit se soumettre aux lois algériennes », a déclaré lundi Abdelkader Messahel, en marge de l'ouverture de la session annuelle du Parlement.