Le premier responsable de la confrérie Ahmadiya en Algérie, Mohamed F., a été arrêté dans le domicile de sa mère, à Aïn-Safra, suite à des poursuites judiciaires engagés contre lui par six tribunaux sous les griefs de collecte de fonds sans autorisation, constitution d'association sans agrément et atteinte au Prophète Mohamed (QSSL). Cette dernière accusation, en l'occurrence «l'offense et l'insulte» au Prophète de l'islam et à d'autres prophètes, à elle seule, est punie par des peines de trois à cinq ans de prison ferme, c'est dire les lourdes charges qui pèsent sur l'inculpé. L'information au sujet de cette arrestation a été donnée, avant-hier, par le président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'homme (LADDH), Salah Debouz, qui souligne que «Mohamed F. est en prison à cause de ses croyances qui ne plaisent pas au ministre des Affaires religieuses». Le ton est donné par la LADDH à propos de cette arrestation qui va, à n'en pas douter, faire des vagues dans les prochains jours dans le milieu des ONG internationales. Déjà, ces ONG ont dénoncé ces derniers mois le «harcèlement» mené par les autorités algériennes contre cette «minorité religieuse», suite notamment aux arrestations opérées dans le milieu de cette confrérie, à l'enseigne d'Amnesty Internationale et du département d'Etat US qui a, dans son rapport 2016 sur la liberté religieuse dans le monde, dressé un tableau noir et très critique sur l'Algérie. Dénonçant le harcèlement et les cas d'emprisonnement de «minorités religieuses», comme les Ahmadis, notamment. Le bureau démocratie, droits de l'homme et travail du département d'Etat US, énumère dans son rapport, d'une manière sommaire, toutes les entraves, les atteintes et les pressions sur les libertés religieuses en Algérie, qui sont exercées autant sur les individus que sur les communautés religieuses, dont les Ahmadis, ou certains convertis au christianisme. C'est un rapport qui a plus d'influence que toutes les ONG réunies, et qui peut mettre en gêne les autorités algériennes, pensait-on, mais rien n'y fait, et les arrestations dans le milieu de la confrérie des Ahmadis n'ont pas marqué de répit. Au total, plus de 280 personnes ont été poursuivies en justice ces derniers mois à travers quelque 32 wilayas sur le territoire national, sous les mêmes charges retenues contre le premier responsable de la confrérie El Ahmadiya, et plus de 160 d'entre eux ont été déjà condamnés à divers degrés, allant du sursis à la prison ferme assortie d'amendes. Pour rappel, dans sa réaction au rapport 2016 sur les libertés religieuses en Algérie du département d'Etat US, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs Mohamed Aissa, exprimant une position officielle des autorités algériennes, avait laissé entendre que «nous n'avons pas besoin d'une tierce partie pour nous juger ou nous évaluer ou nous donner des leçons».