Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne croit pas à une sortie de crise par la simple mise en action de l'article 102 de la Constitution portant déclaration d'« empêchement du président à exercer ses fonctions ». Au moment où des partis de l'opposition, des acteurs politiques et de la société civile ainsi que certaines voix qui se définissent comme « intellectuelles» animent la scène et cherchent à mobiliser l'opinion publique autour de cette idée, le parti de Mohcine Belabbas, y voit tout simplement des positionnements claniques. « Circonscrire une sortie de crise à la demande de la mise en œuvre de l'empêchement par voie légale de Bouteflika (article 102) équivaut à parrainer une alternance clanique, à fortiori dans le moment présent », estime le RCD. Dans un communiqué publié, hier, à l'issue de la session ordinaire de son secrétariat national, le parti qui rappelle pourtant, avoir été «le premier » à proposer, en 2012, une sortie de crise par la mise en œuvre de l'article 88 (actuel 102 de la nouvelle Loi fondamentale) de l'ancien Constitution, semble désormais tenir au respect des échéances, tout en continuant de militer sur le terrain. « Notre conviction est que l'heure est à l'action de mobilisation solidaire et non à des positionnements dans des luttes claniques conjoncturels », écrit le parti dans une critique à peine voilée aux multiples appels de Djilali Soufiane, président de Jil Jadid, de Noureddine Boukrouh, ancien chef de gouvernement et au groupe d'«intellectuels » ayant plaidé pour l'organisation d'une élection présidentielle anticipée. La sortie du RCD intervient trois jours après que le chef de l'Etat ait réapparu en fin de semaine dernière. Abdelaziz Bouteflika a, en effet, présidé le 6 septembre, un Conseil des ministres à l'issu duquel le Plan d'action du gouvernement d'Ahmed Ouyahia, a été adopté. Conscient de la diminution de la santé du président, chose qui est devenue du domaine public, le RCD qui a repris avec le combat à l'intérieur des institutions, en participant aux élections législatives du 4 mai, n'en fait pourtant pas fixation. Sur ce, il pointe du doigt une défaillance sur le plan de la communication qui aurait pu, à comprendre ses propos, éviter tout le tapage médiatique fait autour de cette disposition de la Constitution. « L'absence d'une communication officielle crédible contraste avec une agitation médiatique nourrie aussi par l'Armée autour de la destitution de Bouteflika », constate le secrétariat national du RCD. Jusqu'à présent, rare sont les partis politiques de l'opposition qui se sont invités dans le débat sur les appels à l'application de l'article 102 de la Constitution. En contredisant des formations politiques et autres acteurs considérés presque comme «partenaires» le RCD inflige un coup dur à l'action menée dans les médias et les réseaux sociaux. Analysant la situation politique du pays, le RCD dit craindre le pire pour l'avenir du pays. « La confusion sur la gouvernance générée par l'incapacité du pouvoir à circonscrire encore les luttes de chapelles dans le sérail indique que le pays est rentré dans une phase où le pire peut advenir », écrit son secrétariat national. Non sans perdre de vue que « cette situation que d'aucuns imputent au rétrécissement de la rente intervient au moment où les larges couches de la population sont confrontées à l'accélération de l'érosion du pouvoir d'achat ». Elle intervient aussi dans une conjoncture de « dégradation sans précédent des soins du fait du manque de médicaments au niveau des hôpitaux et de généralisation des pénuries d'eau à l'ensemble du territoire national ». Sur le Plan d'Action d'Ouyahia, le RCD estime que le tableau dépeint tracé « ne sert qu'à illusionner et leurrer l'opinion publique pour faire passer des mesures antisociales ». Enfin et concernant la préparation des élections locales, le parti de Mohcine Belabas a, après avoir évalué le degré d'avancement de la confection des listes électorales et les difficultés auxquelles sont confrontés les militants de certaines wilayas, dit avoir « mis en place une commission nationale pour traiter des éventuels recours ».