Le directeur de la Caisse régionale de mutualité agricole de Tizi-Ouzou (CRMA), Hamdad Madjid, a annoncé que seulement 3% des agriculteurs sont affiliés à la Caisse régionale de mutualité agricole (CRMA). Ce chiffre indique, dira t-il, que la culture des assurances dans le secteur de l'agriculture n'est pas encore implantée dans les esprits des agriculteurs de la région. Ces derniers, selon lui, préfèrent compter sur les subventions accordées par l'Etat pour le remboursement de leurs dégâts en cas de sinistres ou des aléas de la nature (feux de forêts, inondations, la neige…). Ainsi, il a estimé à 2 000 le nombre d'agriculteurs touchés par les incendies qui ont saccagé la Kabylie depuis le début de la saison estivale. Pour cela, le même directeur a mis l'accent sur la nécessité de la valorisation des assurances dans le secteur de l'agriculture qui devra être impérative, comme ce fut le cas dans d'autres secteurs, en l'occurrence l'automobile, l'industrie. «Aujourd'hui, l'agriculture est un secteur d'investissement et il est temps que les agriculteurs toutes branches confondues (apiculteurs, éleveurs) se prémunissent et doivent se protéger avec l'assurance. Il faut garantir son activité en cas d'aléas naturels», dira Hamdad, qui a rassuré que des réductions qui peuvent aller jusqu'à 50% sur les prix des assurances agricoles ont été mises en place à leur profit. A cela, s'ajoutent des paiements par rééchelonnement afin de faciliter les procédures d'affiliation. «Ce sont des tarifs d'assurance très raisonnables qui sont proposés au niveau des différents bureaux locaux de la CRMA. Lorsque nous assurons un client, nous nous engageons à prendre le risque avec l'agriculteur». Le même responsable a souligné que les dégâts occasionnés par ces feux de forêts seront une leçon à retenir pour les agriculteurs sur les bienfaits des assurances. «Nous avons mis en place certains produits d'assurance au niveau des différents bureaux locaux de la CRMA implantés au niveau des 14 daïras de la wilaya et ce, en collaboration avec la concertation des forêts et la direction local des services agricoles (DSA) afin d'orienter les agriculteurs pour se prémunir et de s'assurer». Dans le même ordre d'idée, le même interlocuteur a précisé qu'un plan de sensibilisation sur les bienfaits des assurances, notamment lors catastrophes naturelles, a été mis en place afin de faire comprendre à ces agriculteurs l'importance de se prémunir sans attendre le remboursement des pouvoirs publics. En termes de chiffres, le directeur de la CRMA, a fait savoir que 90 000 oliviers et arbres fruitiers sont partis en fumée. A cet effet, un plan de réhabilitation et de remplacement des activités touchées par ces feux a été mis en place par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Il est utile de rappeler que l'été dernier a été particulièrement catastrophique pour le secteur agricole en général. Les dégâts causés par les incendies sont énormes. D'ailleurs, la commission ad hoc de l'assemblée populaire de wilaya (APW) avait annoncé la semaine dernière, à l'occasion de sa dernière session ordinaire, que les dégâts matériels causés par les incendies sont estimés à 241,186 millions de dinars. La même commission a fait savoir que 79 habitations et 21 étables et autres hangars servant de lieux pour l'élevage d'animaux ont été ravagés par les incendies. Le segment qui a été durement touché par le nombre très important d'incendies, dont certains étaient particulièrement violents, est sans doute celui de l'arboriculture. Pas moins de 34.458 arbres fruitiers et 90.635 oliviers ainsi que 40 hectares de céréaliculture ont été réduits à néant. On notera aussi que 2 bovins, 31 ovins, 18 caprins, 27.330 sujets de volailles, 2.208 ruches pleines et 394 ruches vides ont été également réduits en cendres par les incendies. Ces dégâts sont un coup sévère à cette activité qui en pâtit de plus en plus en raison de plusieurs aléas. C'est pourquoi, aujourd'hui, l'assurance agricole devient plus qu'impérative. Le secteur agricole souffre également de nombreux autres aléas. On pointe aussi du doigt un certain vide juridique entre les institutions et les agriculteurs. Cette situation favorise le laisser-aller de la part des agriculteurs qui n'accomplissent pas leur travail dans de bonnes conditions, ce qui répercute négativement sur la qualité du produit agricole local. C'est pourquoi aujourd'hui, les spécialistes du monde agricole plaident pour la création des agro-pôles qui auront pour objectif de créer une certaine indépendance pour chaque filière, notamment par l'introduction de nouvelles techniques de production et l'encadrement technique des agriculteurs, afin que leur produit soit compétitif sur le marché international. Cette démarche sera obligatoirement accompagnée par la contraction de contrats d'assurance.