La visite effectuée dans le chef-lieu et le nord-est de la wilaya de Batna, samedi, a permis au ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi, de prendre le pouls de l'état de l'agriculture dans la wilaya et d'aborder, avec les responsables des organisations professionnelles, l'ensemble des problématiques qui touchent le monde agricole dans la capitale des Aurès. Là où il est passé, le ministre a réconforté les agriculteurs en rappelant que l'Etat ne les abandonnera pas et qu'il mobilisera tout ce qui est mobilisable pour les aider et les appuyer à s'engager dans une transformation sans précédent de l'agriculture dans la wilaya, pour vivre dignement du fruit de leur travail. Les agriculteurs professionnels présents à cette visite affirment qu'ils ne sont pas déçus et que cette visite a au moins servi de prise de contact avec le ministre de l'agriculture. Abdelkader Bouazghi a entamé sa tournée marathon dans la wilaya par la visite du site du projet de forêt récréative de Bouilef, relevant de la direction de la forêt domaniale de Belzema, commune de Fesdis, située à quelques kilomètres au nord du chef-lieu de wilaya pour répondre à un besoin d'évasion de la population urbaine de Batna et de Fesdis. Par la suite, il s'est rendu à la Laiterie Aurès, pour s'enquérir de la production et de la commercialisation des laits et dérivés. Rappelons que cette unité de production (campant sur une superficie totale de 39 326 mètres carrés dont environ 10 000 mètres couverts) produit une moyenne de 60 000 litres par jour, dont 90% provient de la wilaya de Batna. La laiterie couvre plusieurs wilayas, notamment Batna, Biskra, Tébessa, Sétif, Ouargla, Khenchela et El Oued. Le ministre a exhorté ses responsables à doubler la capacité de production, avant d'aller procéder à la mise en marche de l'abattoir avicole de Batna, lequel est entré en activité en 1994 et qui vient d'être rénové en 2017. Couvrant une superficie totale de plus de 2 hectares, l'abattoir est actuellement doté d'un quai de réception de capacité de 3000 sujets par heure et une chaîne d'abattage de capacité de 3000 poulets par heure. Pour clôturer la première tranche de sa tournée, le ministre s'est rendu à la salle d'exposition de la ville de Batna où il a inauguré le deuxième salon des produits agricoles locaux et a visité un grand nombre de stands du Salon, ce qui lui a permis de s'entretenir longuement avec les différents arboriculteurs, producteurs, fabricants d'aliments de bétail, autres opérateurs du domaine économiques agricole et instituts spécialisés. Une discussion sans protocole s'est engagée. Les problèmes dont se sont plaints les agriculteurs et qui sont revenus en leitmotiv sont celui de l'eau d'irrigation, qui est leur première préoccupation, et les chambres froides pour le stockage de leurs fruits et légumes. En fin politicien, il les a laissés s'exprimer sans les interrompre en mettant toujours la balle dans leur camp et en les exhortant, comme disent les gens des Aurès, de «montrer le henné de leurs mains». Le problème de l'irrigation soulevé La discussion a porté sur la situation pluviométrique et hydrographique, les opérations culturales, le stade végétatif et l'état phytosanitaire, surtout que le début de la saison agricole s'est bien installé. Le ministre de l'agriculture n'a quitté la salle d'exposition qu'après avoir sillonné tous les stands et satisfait tous les exposants. Après une halte, le ministre a repris sa visite la plus épuisante d'une distance d'environ deux cents kilomètres linéaires, qui l'avait conduit dans l'est et le nord de la wilaya de Batna. D'abord, la deuxième tranche l'a mené vers l'exploitation arboricole des frères Chouha, au lieu-dit Meriel, commune d'Ayoune El-Assafer, une plantation d'une superficie de 20 hectares dont 15 hectares irrigués, spécialisée dans le pommier Golden Délicious et le Royal Gala. Les arboriculteurs, sur les lieux, lui ont fait part d'un problème d'eau d'irrigation auquel ils font face ou de la baisse du niveau des nappes phréatiques à cause de la sécheresse qui sévit et qui risque de plomber les efforts des paysans. Ils l'ont sollicité d'intervenir auprès des services de l'hydraulique pour qu'ils les alimentent en eaux superficielles du barrage de Koudiet Lemdouar de Timgad (W. de Batna). Face aux différentes difficultés soulevées par les arboriculteurs, le ministre a assuré de la totale disponibilité du gouvernement à continuer sa mission du développement durable en milieu rural et leur a promis que leurs problèmes seraient pris en considération, avant de reprendre la direction du lieu-dit Theniet El-Khorchouf, commune de Timgad, où il est allé s'enquérir du projet qui s'intègre dans le cadre de la stratégie du secteur : l'autosuffisance alimentaire et l'amélioration des conditions de vie des populations. «La plantation de ce projet, nous explique un cadre de la direction des forêts de la wilaya de Batna, a pour buts la fixation de la population, la lutte contre l'exode rural et la réalisation de l'emploi par l'augmentation de la superficie agricole utile». Avant de quitter Theniet El-Khorchouf, le ministre et les membres de la délégation qui l'accompagnent ont procédé à la plantation de quelques plants d'arbres, avant de prendre la direction de la daïra de Chemora. A El-Kouachia, daïra de Chemora, Abdelkader Bouazghi a rencontré les agriculteurs bénéficiaires du périmètre d'irrigation en eaux superficielles destiné au développement des cultures stratégiques telles que les céréales et les fourrages pour le développement de l'élevage de la vache laitière et les a exhortés à se constituer en coopérative pour bénéficier des lots d'irrigation et à adhérer au programme de production de semences de céréales qui sera lancé pour la campagne 2017/2018. Rappelons que ce grand périmètre est d'une superficie totale de 16 940 hectares dont 72 87 hectares relevant de la première tranche (réalisée à 100%) et 9653 hectares de la deuxième tranche (dont les travaux de réalisation sont à un taux d'avancement de 90%). Pour la concrétisation de ce programme, on a appris que la banque avait accordé le rééchelonnement des dettes des agriculteurs et que la CCLS s'était engagé pour la fourniture des intrants et du matériel de travaux agricoles. Tous les agriculteurs de Chemora et de Boulhilet s'accordent que si l'irrigation en eaux superficielles du barrage Koudiat Lemdouar entre en service, on verra une nette amélioration de la production. Le ministre les a exhortés à faire des terres de Chemora le Colorado en leur promettant que l'Etat les appuyerait. Les réponses en chœur étaient «Inchallah». En attente des eaux superficielles, les yeux des fellahs de la daira de Chemora restent rivés au ciel.