Grogne et menaces chez les syndicats Voilà un texte qui constitue une véritable bombe à retardement. Le projet de loi sanitaire, examiné aujourd'hui par la commission santé de l'APN, ne laisse pas indifférents les syndicats du secteur qui avertissent la tutelle des conséquences d'un passage en force. Après que le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière ait promis de consulter les partenaires sociaux pour une révision de la mouture gelée lors de la précédente session parlementaire, des syndicats se disent surpris de voir le projet atterrir à la chambre basse du Parlement. Surtout que plusieurs points de discorde avec le gouvernement restent toujours en suspens. L'on parle surtout de la prise en charge des malades, du service civil, de la responsabilité du personnel médical, de la cartographie des établissements de santé, du travail complémentaire et de l'organisation des différentes catégories professionnelles.Tous les syndicats sont unanimes à dire que si leurs réserves ne sont pas prises en considération, la voie de la rue reste la plus plausible durant les prochaines semaines. Bien qu'il admet avoir été associé à l'élaboration de la première mouture à l'époque du ministre Abdelmalek Boudiaf, le syndicat des médecins spécialistes ne compte pas donner un chèque à blanc aux autorités. «Je n'ai pas connaissance si l'actuelle mouture a subi des changements. Maintenant on attend d'être convoqué par la commission de santé de l'APN car je ne pense pas que les députés vont adopter un si important projet sans nous associer. Et de notre côté, on ne va pas aussi donner un chèque à blanc», explique Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national autonome des praticiens spécialistes de santé publique (Snpssp). Dans le cas contraire, Yousfi et dans un langage emprunt de menaces, nous dira que «chacun devra assumer ses responsabilités». Les propositions du Snpssp portent sur «la nécessité d'aller vers des mesures incitatives pour remplacer, graduellement, le service civil comme c'est le cas dans plusieurs pays du monde» en plus de la séparation des catégories et leur «réorganisation en ordres de médecins, de pharmaciens, de chirurgiens…». Reste la question de la gratuité des soins dont beaucoup d'acteurs redoutent la remise en cause, le Snpssp est convaincu, par contre, qu'«il est temps d'aller vers la contractualisation qui se fait dans tous les pays du monde. C'est-à-dire passer à la gestion au réel, à travers des contrats entre la CNAS ou la DAS avec les structures sanitaires pour certains soins ». Ce n'est pas l'avis du syndicat des praticiens de santé publique (Snpsp). Lyès Merabet a, dans une précédente déclaration, estimé que «le projet de loi vise à mettre fin à la gratuité des soins» et «à ouvrir la voie vers la privatisation du secteur». Il dénonce d'ailleurs le choix du gouvernement à faire passer le texte en catimini en cette période de campagne électorale où les partis son concentrés sur les élections locales et regrette que «Mokhtar Hasbellaoui ait tourné le dos à sa promesse de revoir le texte avec les syndicats». Dr Merabet a, dans ce sens, invité les députés «à voter contre le projet». Les paramédicaux, de leur côté, ne comptent pas se laisser faire. Lounès Ghachi, président du SAP dit être dans l'attente de savoir ce qui en ressort de la mouture envoyée à l'APN «sans la moindre consultation des partenaires sociaux», dénonce-t-il. Ghachi rappelle les réserves de son syndicat relatives notamment au travail complémentaire à la pénalisation de l'erreur médical, et avertit que «c'est au ministre d'assumer ses responsabilités au cas où la loi venait à être adoptée sans que tous les points de discorde ne soient résolus». Il dira clairement que «les paramédicaux n'hésiteront pas à sortir» si leurs droits sont bafoués.