La rocambolesque purge opérée en Arabie saoudite dans les rangs des princes, des anciens ministres et des responsabilités de la sécurité étonne et détonne. Normal, ce royaume moyenâgeux n'est pas habitué à étaler publiquement son linge sale, à fortiori celui de membres de sa cour. L'image immaculée du dignitaire des Al Saoud au qamis soyeux, qui se veut comme une preuve d'une transparence quasi-divine, est sur ce coup-là, sérieusement écornée. Même le milliardaire bling bling, Al-Walid ben Talal, qui servait de visage moderne à une monarchie hideuse, a été sacrifié sur l'autel de la lutte contre la corruption. Il est certes connu que là où les pétrodollars coulent à flot, les bras longs ne sont jamais loin. Et ce royaume de l'intrigue qui dort sur une mine de l'or noir, est miné, on s'en doute, par la corruption. Il faut croire que l'ampleur de l'argent sale a dépassé les «standards» connus dans les pays où le trafic d'influence, les pots de vins, l'abus de position et les détournements des deniers publics se pratiquent comme un sport national. Comment cela était-il possible dans un pays aussi fermé à toute évolution démocratique ? Le monde entier s'interroge sur cet «infanticide» qu'a commis le prince héritier, Mohammed Ben Salman contre les siens. Difficile de prendre pour argent comptant la seule thèse de la lutte contre la corruption avancée publiquement pour justifier cette opération «mains propres». Le fonctionnement de ce royaume ressemblant aux sables mouvants de son désert, il est fort à parier que cette formidable opération de com' obéit aussi, et surtout, aux considérations géopolitiques et géostratégiques de la région du Golfe et du Moyen Orient. Le fait est que le royaume a commencé à bouger juste après le passage de «l'ouragan» Trump en juillet dernier. Il y a sans doute une relation de cause à effet. Il avait notamment emporté plus de 400 milliards de dollars sur son passage sous forme de contrats juteux. Depuis, Riyad, à changé son fusil d'épaule et ajusté son tir. La première cible fut l'insolent petit frère le Qatar qui a été déclaré sponsor major du terrorisme international, histoire de le soumettre aux génuflexions pour ses liaisons dangereuses avec l'Iran. Les autres «frères» du Golfe ainsi que le roi Abdallah de Jordanie et leur obligé rais d'Egypte Al-Sissi, n'avaient qu'a exécuter une mise en quarantaine validée par Donald Trump. Pendant ce temps, le royaume s'embourbe au Yémen où les Houthis soutenus par l'Iran, ne font pas que résister. Pour les Al Saoud, Téhéran incarne le grand Satan et tous ceux qui fricotent avec lui doivent être classés dans «l'axe du mal». Tiens, tiens… De son côté l'administration du fantasque président des Etats-Unis ne cache plus sa volonté de détricoter l'accord sur le nucléaire iranien. Une succession de faits qui laissent penser que l'on assiste peut être à un scénario visant à terme à (re)dessiner la carte de cette région sensible dans ce qui prend les contours d'un Sykes-Picot revu et corrigé. Au grand bonheur d'Israél qui vient de fêter le centenaire (02 novembre 1917) de la déclaration de Balfour ayant condamné le peuple palestinien. Cela parait relever de la fiction mais, le risque d'un bouleversement géopolitique est bien réel dans cette partie du monde aux enjeux vitaux. Et pour boucler la boucle, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a annoncé sa démission depuis…Riyad où il était convoqué par le nouvel homme fort, le prince héritier Mohamed Ben Selmane qui s'échauffe à monter sur le Trône. Une intronisation bénie par l'Oncle Trump histoire de mettre un peu de vernis à un royaume archaïque quitte à autoriser les femmes à prendre le volant. A propos justement, le géant américain des boissons gazeuses, Coca Cola, a déjà mis en scène une jeune conductrice saoudienne dans un clip destiné à son futur marché au royaume. Tout un symbole ! Eh oui, l'Arabie saoudite change. Elle se met sur la route du «American way of life».