Les prix du pétrole ont atteint, hier, leur plus haut niveau en plus de deux ans. Sur fonds du risque géopolitique en Arabie saoudite, premier exportateur mondial, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 64,06 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange(Nymex), le baril de ‘light sweet crude' (WTI) pour le contrat de décembre cédait un cent à 57,34 dollars. Le prix du baril de Brent a atteint 64,65 dollars, son plus haut depuis juin 2015, et celui du WTI 57,69 dollars, son plus haut depuis juillet 2015, tôt dans la matinée. «Les prix ont grimpé après que le prince saoudien Mohammed Ben Salmane a consolidé son pouvoir en organisant une purge lors de laquelle des dizaines de personnalités du monde politique et des affaires ont été arrêtées ce week-end», ont estimé des analystes. «Les marchés ont dû intégrer un risque plus important, et le prince soutient, également, l'extension de l'accord des baisses de production de l'Opep au-delà de mars 2018», a-t-il détaillé. L'accord de baisse de la production, qui lie l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et d'autres producteurs, dont la Russie, vise à limiter l'offre mondiale pour rééquilibrer le marché et faire remonter les prix. Une extension de l'accord devrait être discutée lors de la prochaine réunion de l'Opep et avec celle de ses partenaires, qui se tiendront toutes deux le 30 novembre à Vienne. «Outre les tensions internes en Arabie saoudite, les affrontements dans la région ont dû jouer un rôle au moins aussi important sur les prix», a commenté un expert. Le prince héritier d'Arabie saoudite a déclaré que l'implication présumée de l'Iran dans la fourniture de missiles aux rebelles houthis du Yémen était «une agression militaire directe par le régime iranien», a rapporté, hier, l'agence officielle SPA. Samedi soir, un missile tiré par des rebelles depuis le Yémen a été intercepté et détruit dans le secteur de l'aéroport international de Ryad. A plus long terme, ces tensions internationales pourraient faire grimper les prix. «La demande de pétrole continue de grimper, la production de l'Opep reste limitée et il y a peu de croissance ailleurs. Cela augmente la dépendance du monde au pétrole de schiste, au moment même où les limites de ce dernier se font sentir», ont jugé des analystes. Ils notent, en effet, que la hausse de la production de pétrole non conventionnel va ralentir en 2018. Le développement de cette industrie avait fait grimper la production mondiale et participé à la baisse des prix en 2014. Les prévisions de l'Opep Dans son dernier rapport annuel ‘World Oil Outlook' sur les perspectives d'ici à 2040, publié hier, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a indiqué que la demande totale d'énergie primaire devrait augmenter de 96 millions de barils de pétrole par jour (Mbep/j) entre 2015 et 2040, passant de 276 mbep/j en 2015 à 372 mbep/j en 2040. Cela représente une augmentation de 35% par rapport à l'année de référence 2015, précise la même source. Une hausse qui s'explique par la forte demande dans les pays émergents avec une croissance attendue de 1,9% par an sur la période 2015-2040. Parmi les sources d'énergie, le gaz naturel contribuera le plus à la croissance de la demande. Ainsi, selon les prévisions du dernier rapport de l'Opep, la demande de gaz va croître de près de 34 Mbep/j, passant de 59,2 Mbep/j en 2015 à environ 93,2 Mbep/j en 2040, soit un taux de croissance annuel moyen d'environ 1,8% par an. Le pétrole, lui, devrait connaître une diminution de sa part dans le mix énergétique mondial sur la période de prévisions. Mais l'or noir devrait toutefois rester le plus important, avec un peu plus de 27% d'ici 2040 (contre 31% en 2015). Selon le rapport de l'Opep, la demande de pétrole sur la période à moyen terme 2016-2022 devrait augmenter de 6,9Mb/j, passant de 95,4 Mb/j à 102,3 Mb/j, ce qui correspond à une augmentation annuelle moyenne de près de 1,2 Mb/j. A. Mohamed