Ça y est ! Le projet Peugeot-Algérie qui a vécu des années de gestation pas du tout aisées, freiné aussi par la crise et qui a même failli avorter, à cause de certaines déclarations pas souvent diplomatiques, a été enfin lancé officiellement hier, à la faveur de la quatrième session du Comité économique mixte algéro-français (COMEFA). Le premier véhicule du constructeur français PSA (Peugeot-Citroën), qui vient d'«annexer» l'Allemand Opel depuis seulement 100 jours, ne va probablement pas sortir d'usine en 2018, comme le souhaite Jean-Christophe Quemard, directeur de la région Moyen-Orient et Afrique à PSA, qui précise lui-même que «l'objectif est d'avoir un site totalement opérationnel en 2019». Cela suppose qu'il y a dans l'air quelque précipitation et beaucoup de travail à faire pour parfaire «l'usine» qui produira on ne sait encore quel modèle de la marque au lion. Comme pour Renault, l'objectif de Peugeot et de ses partenaires algériens au nombre de trois est de passer à la vitesse supérieure dès le départ et de produire à terme quelque 75 000 véhicules par an. Mais la finalité première est d'aboutir à asseoir une vraie industrie automobile au bout de cinq années de cette politique du «gagnant-gagnant» ressassée depuis des lustres et à tous les niveaux et dont on n'a pas encore vu les résultats et encore moins les produits «finis». Dans cette politique du véhicule «made in bladi», n'a-t-il pas été question tout d'abord de produire un véhicule à la portée des Algériens, de création d'emplois, de transfert de technologie mais aussi et surtout d'un taux d'intégration appréciable ? Jusque-là, comme nous le montrent les expériences passées, la construction automobile au sens d'industrie n'est qu'un «vœu pieux». Les véhicules locaux demeurent excessivement chers et ont remis au goût du jour l'idée de recourir à l'importation des «moins de 3 ans», et le retour au crédit à la consommation. L'ouverture du marché au privé n'a pas non plus été bénéfique puisque les voitures supposées être fabriquées en Algérie s'importaient finalement en kit (SKD et CKD) pour un montage rapide dans des unités qui ne répondent souvent pas aux normes les plus élémentaires. Les petites et moyennes entreprises locales (PME) qui excellent dans beaucoup de secteurs n'ont jamais été réellement sollicitées en vue de participer à tous ces projets qui auraient pu aider à absorber le taux de chômage galopant, notamment dans les régions où sont implantées ces usines. L'arrivée de Peugeot en Algérie après moult tergiversations est certes une bonne chose. Le constructeur français n'est pas non seulement appelé à contribuer à l'essor réel de ce secteur dans notre pays. Il est en quelque sorte, concurrence oblige, tenu de s'adapter aux exigences du marché algérien et aux mentalités locales.