Sommes-nous face au nouvel acte du projet du «Grand Moyen Orient» ? Une hypothèse à prendre au sérieux, puisque depuis la visite du président Donald Trump en Arabie Saoudite, et la série d'événements qui s'en sont suivis, tout porte à croire qu'une nouvelle vague de déstabilisation est en gestation dans la région. Cette fois-ci, l'ennemi est tout indiqué : l'Iran. «En attendant que le régime iranien montre sa volonté d'être un partenaire dans la paix, toutes les nations (...) doivent travailler ensemble pour l'isoler», a affirmé Trump dans un discours à Riyad (son premier à l'étranger). La cible a été clairement désignée. Il s'agit de créer une coalition internationale contre le régime des Mollahs. D'ailleurs, la remise en cause de l'accord sur le nucléaire iranien, rentre dans le sillage de la nouvelle stratégie américaine. Trump qui veut mener une guerre contre le terrorisme et l'extrémisme religieux, estime que la bataille n'est pas entre les religions, mais entre «le bien et le mal». Dans cette nouvelle logique le ‘bien' est l'Arabie Saoudite sunnite et le ‘mal' l'Iran chiite. Pour que le projet US prenne, il fallait, bien entendu redorer le blason du royaume wahhabite qui s'est enlisé dans une guerre «fratricide» au Yémen, en procurant des conseils «éclairés» à ses hôtes. Ce qui fut aussitôt fait. La prise des rennes du Royaume par le prince héritier Mohamed, l'opération mains propres menée par ce dernier, mettant au pas des dizaines d'émirs, ainsi que la polémique autour du présumé «missile iranien»…ou du Hezbollah tiré sur la Mecque à partir du nord du Yémen, sont autant d'ingrédients pour un cocktail explosif. Le dernier épisode en date, à savoir la démission, à partir de Riyad, du Premier ministre Libanais, Saad Al-Hariri, aura sans doute des répercussions sur la stabilité du pays du cèdre ainsi que de toute la région. L'idée était de crier au loup, en désignant implicitement le Hezbollah d'être derrière les prétendues menaces contre la personne de Hariri. Il est aussi question de susciter une vague d'indignation contre le mouvement de Hassan Nasrallah, ennemi public numéro un d'Israël. Aguerrie et revigorée par sa participation à la guerre en Syrie, l'armée du Hezbollah est plus que jamais redoutée par les faucons de Tsahal. Une dernière étude qualifie, d'ailleurs, l'arsenal de guerre de ce mouvement d' «impressionnant». Le Hezbollah – mis sur la liste noire des mouvements terroristes par Washington – semble, cette fois-ci, être la priorité dans le tableau de chasse israélien.