L'affaire reportée par le tribunal criminel de la cour d'Alger pour absence de la défense de l'accusé dévoile un autre aspect, ignoré jusque-là, de la violence contre les femmes. C'est peut-être le silence de certaines femmes ou jeunes filles subissant des sévices de la part de leur mari, fiancé ou copain qui fait que le phénomène prend de l'ampleur sans que les autorités concernées puissent y faire face. Naïma fait partie de ces milliers de jeunes filles qui ont eu à subir toutes les formes d'humiliation. Elle a fini par être abandonnée dans les bois du parc d'attractions de Ben Aknoun. L'humiliation l'a poursuivie même après sa mort tragique. L'accusé n'est autre que son copain qui a déclaré au juge d'instruction qu'il aimait sa victime. Le motif est peut être autre que le sentiment de jalousie, tel que l'avait déclaré l'accusé lors de l'enquête. Le couple avait entretenu une bonne relation. Ils se sont rencontrés en 2000, pour la première fois dans un salon de thé à Douéra où la jeune fille travaillait comme serveuse. Depuis, les deux amoureux ne cessaient de se fixer des rendez-vous jusqu'au jour où Brahim a avoué son amour pour Naïma en lui promettant le mariage. Ils se voyaient souvent. Ils se racontaient des blagues et discutaient de leur vécu quotidien. Ils discutaient de tout et de rien. Ils avaient même fait des projets ensemble. Mais le destin et l'esprit malveillant avait détourné le sort de cette relation et a mis fin aux rêves de la pauvre fille. Une rumeur portant atteinte à la réputation de Naïma circulait dans le quartier. Elle est parvenue malheureusement aux oreilles de Brahim. Ce dernier, animé d'une jalousie aveugle, ne voulait pas admettre la mauvaise nouvelle. Il l'avait invitée pour discuter du tintamarre qui avait fait le tour du quartier. Le 19 novembre 2005 était un jour maudit pour ce couple qui a connu une fin dramatique. Lorsque Brahim commençait à raconter ce qu'il avait entendu, Naïma s'était mise en colère. Au départ, elle ne voulait pas répondre à ses questions. Mais après insistance de sa part, Naïma a déclaré qu'elle sortait avec un autre garçon du quartier et qu'elle était libre de faire ce qu'elle voulait. La tension avait monté, Brahim qui avait perdu le contrôle prit un gros caillou et frappa violemment sa copine qu'il abandonna seule dans cet endroit connu pour les agressions. Devant le juge d'instruction, il déclara que c'était Naïma qui avait quitté les lieux après l'avoir frappé à la tête. «Après avoir marché 50 m, elle avait jeté son sac à main et a poursuivi son chemin», a déclaré l'accusé. Il aurait reçu la nouvelle de la mort de sa copine trois jours après. A présent, Brahim se trouve incarcéré attendant son jugement reporté à la prochaine session.