Autrefois, les victimes de violence sexuelle souffraient en silence, marquées à vie. Ces dernières années, les affaires qui traitent des mœurs notamment l'adultère et l'inceste occupent le devant de la scène. Les filles accusent leurs pères, les femmes accusent leurs maris et vice-versa. Cette fille qui a eu le courage de dénoncer son père n'est q'un échantillon du lot de victimes qui n'ont pas eu le courage de porter plainte. De tous temps, l'inceste a été un sentiment de honte pour la victime et sa famille. Un sentiment qui, avec le temps, se transforme en haine et peut être à l'origine de perversions comportementales. Parfois la personne qui est victime de l'inceste devient violente à l'égard de tout le monde. L'affaire d'aujourd'hui a été jugée à huis clos. Le président du jury a ordonné de faire sortir même les avocats non constitués dans cette affaire, ce qui a choqué toutes les personnes présentes lors de l'audience. Qu'il relève des mœurs ou de la religion, le délit rapporté par la Chambre d'accusation reste un acte déraisonnable pour ce père qui est censé protéger sa fille contre toute les formes de déviations comportementales. Habitée par un sentiment de vengeance, mais nullement par celui de la honte, la victime appelée par le tribunal criminel de la cour d'Alger a été confrontée à son père. En plus de la réclusion, elle a demandé 50 millions de centimes comme dommages et intérêts. L'accusé, un homme aux cheveux grisonnants s'est montré très indifférent au verdict prononcé à son encontre. Vingt ans de prison est la peine requise par le représentant du ministère public contre lui. Cette peine a été retenue par la justice qui ne lui a pas accordé de circonstances atténuantes. L'accusation est très grave. Elle est même absurde. C'est pourquoi tous les membres du jury ont répondu non à la question : l'accusé bénéficiera-t-il des circonstances atténuantes ? Ils l'ont reconnu coupable dans cette affaire. Accompagné de sa mère, la jeune fille n'a pas cessé d'accuser son père pendant toutes les étapes de l'enquête et même le jour du jugement. Toutefois, l'absurdité caractérisant cette affaire a de multiples facettes. Rencontrée dans le hall du tribunal, la mère de l'accusé, une vieille femme au visage mélancolique, nous a fait part d' une de ces figures. «Mon fils est innocent. C'est sa femme qui a tout comploté en dressant la fille contre son père. Elle ne s'est pas gênée d'inventer cette histoire d'inceste pour étouffer son aventure avec son beau-frère et par là, échapper à la punition. Lorsqu'il s'est rendu compte du mauvais comportement de sa femme, cette dernière a fabriqué une histoire de toutes pièces», a déclaré cette vieille dame, inquiète pour le sort de son fils.