L'émigration clandestine est, depuis quelque temps, la préoccupation majeure de l'Etat. Contenir ce fléau tentaculaire qui a poussé des centaines de jeunes à la conquête d'un avenir meilleur au risque de leur vie est sans aucun doute une mission difficile. El harraga, comme on les appelle chez nous, ce sont tout simplement ces jeunes qui ont du mal à supporter la marginalisation dans un pays où il n'y a pas de place pour eux, estiment ceux qui ont tenté la traversée. Il ne se passe pas un jour sans que des dizaines de corps de harraga dont les embarcations chavirent ne soient rejetés par la mer et ramenés par des pêcheurs ou des gardes-côtes qui, depuis plusieurs mois, ne trouvent pas de répit face au nombre croissant de jeunes à la recherche d'un eldorado outre-mer. Rares sont ceux qui font la traversée à l'improviste. La plupart du temps, elle se prépare une semaine à dix jours à l'avance, le temps de permettre aux candidats de réunir la somme demandée pour le voyage qui oscille entre 1000 et 2500 euros. Le voyage s'effectue dans des embarcations de fortune qui font le bonheur des uns et le malheur des autres. «el harga» est un marché florissant qui s'exerce en toute impunité, même si aujourd'hui, avec les nouvelles mesures que l'Etat vient de prendre contre ce fléau, les traversés sont devenues de plus en plus hasardeuses. Malheureusement, et en dépit de toutes les démarches entreprises par les autorités italiennes et algériennes, tous les jours que dieu fait, l'histoire se répète encore et encore. Les harraga new edge De plus en plus de jeunes et moins jeunes s'inscrivent sur les listes des agences de voyages en cette période estivale. Certains sont à la recherche d'escapades exaltantes et veulent réellement faire du tourisme, alors que pour d'autres, c'est juste un bon moyen de se rendre plus facilement en Europe. Les destinations les plus prisées sont la Grèce et Malte. Un visa à la place d'une embarcation hasardeuse et suicidaire, et de surcroît au même prix ou encore moins cher. Ce sont les harraga d'un autre type qui ont choisi la sécurité avant de s'installer sur la rive nord. Une nouvelle tendance qui rend la tâche très difficile à ces agences qui ont de plus en plus de mal à avoir des visas pour leurs clients. Un patron d'une de ces agences nous a même déclaré : «Si ça continue, les algériens ne pourront plus faire de tourisme». Le malaise social des Algériens est-il vraiment à l'origine de ces maux qui touchent notre beau pays ? Qu'est-ce qui fait que des milliers d'Algériens cherchent à fuir leur terre natale pour d'autres cieux ? Personne n'échappe à ça, y compris ceux qui ont une situation aisée ? Le mot «visa» est devenu synonyme d'espoir et de plénitude, comme si au bout du voyage, le bonheur les attendait à bras ouvert.