Dans une interview qu'il a accordée récemment à notre quotidien, l'ex-ministre de la Jeunesse et des Sports et ex-entraîneur de l'équipe nationale de handball, Aziz Derouaz, est revenu sur les résultats de la délégation algérienne aux derniers Jeux méditerranéens de Pescara, relevant que l'une des deux médailles d'or qu'elle avait remportées l'avait été par Rachid Hamani, un boxeur issu de notre émigration. M. Derouaz ne s'est pas, alors, empêché de rendre un hommage appuyé à notre émigration grâce à laquelle l'Algérie trouve le moyen de se distinguer dans les grandes manifestations sportives internationales. Tout Algérien où qu'il se trouve sur la planète est susceptible de rendre service à son pays. Après avoir contribué à libérer l'Algérie du joug colonial durant la guerre de Libération, l'émigration s'est, naturellement, remise à son service en lui déléguant ses meilleurs filles et fils de n'importe quel secteur, celui du sport dans une très large proportion. Si Hamani, plusieurs années après son père, a fait retentir Qassaman sous le ciel italien, il faut retenir que c'est une équipe de football, presque exclusivement composée de joueurs émigrés qui, en deux occasions durant le mois de juin, a fait sortir le peuple d'Algérie, même celui qui vit à l'étranger, dans les rues pour saluer et fêter deux victoires qui ouvrent les portes de la qualification des Verts à la Coupe du monde et à la CAN 2010. Le constat que l'on peut faire d'une telle situation c'est que le sport algérien ne peut plus se distinguer à l'étranger sans un apport de sa communauté qui vit à l'étranger. Cela relance le débat sur les capacités du mouvement sportif à générer par lui-même des potentialités capables de rivaliser avec les stars planétaires. Il en ressortira, à coup sûr, une focalisation sur la carence quasi flagrante en matière de formation et de détection de jeunes talents, et ce, dans n'importe quel sport. Le plus dramatique c'est que lorsqu'une discipline réussit, malgré d'énormes difficultés, à sortir la tête de l'eau, il lui est presque imposée de faire un retour en arrière. Les gens n'arrivent ainsi toujours pas à comprendre pourquoi la seule fédération sportive à s'être distinguée dans de grandes compétitions sportives internationales (une médaille d'argent et une de bronze aux Mondiaux du Caire en 2005 et la même récolte aux Jeux olympiques de Pékin en 2008), à savoir celle du judo, a été poussée à renouveler sa direction. Le résultat immédiat, de ce qui s'assimile à une cassure, a été un échec presque total de nos judokas dans les championnats d'Afrique alors qu'ils étaient, depuis dix ans, les maîtres du continent et un zéro pointé, en matière de médaille d'or, aux Jeux méditerranéens de Pescara. Et cette fédération ne travaillait qu'avec des athlètes du cru, produits de la formation de base en Algérie. Il est indéniable que l'émigration est une des parties de la société algérienne et qu'à ce titre elle est soumise aux mêmes devoirs tout en bénéficiant des mêmes droits que ceux qui vivent sur le sol national. Faire appel à ses enfants pour qu'ils viennent défendre les couleurs nationales dans les joutes sportives internationales est, de ce fait, une démarche tout à fait naturelle. Seulement, il ne faudrait pas que cette émigration joue le rôle d'un arbre qui cache la forêt, de dévier l'attention des gens jusqu'à leur faire perdre de vue que la politique sportive capable de générer des élites à même de bien représenter l'Algérie à l'étranger n'existe pas ou alors elle est très mal appliquée. L'échec de Pescara a, d'ailleurs, été révélateur de l'erreur d'appréciation qui a été commise jusqu'ici ou on croit qu'en touchant aux fédérations sans s'intéresser à ce qui se fait à la base au niveau des clubs et des ligues on va pouvoir donner un nouvel élan au sport algérien.