De retour d'une tournée éclair effectuée au niveau de l'aquaparc de Batna, nous avons été apostrophés par certains enfants âgés à peine de 16 ans, postés le long de l'axe routier reliant Batna et Menaa, habillés de vêtements saisonniers devenus noirâtres à cause de la fumée du feu qui leur pique aussi les yeux. Des petites silhouettes sous un soleil de plomb proposent aux usagers de la route des épis de maïs cuits ou crus. Ainsi, Amine, élève de 1re année moyenne, dit-il, commence à vanter les propriétés nutritives du produit exposé sur le trottoir, avant de conclure : «Les prix varient selon ce que le client préfère. Un épi cuit est proposé à 25 DA. Quant au cru, il revient à 20 DA.» Certains de ces petits commerçants saisonniers, lesquels commencent à occuper les deux rives de la RN87 dès les premières lueurs du jour, nous énumèrent, tout en faisant cuire le produit convoité par les automobilistes, les raisons qui les ont menés à pratiquer ce genre de commerce. «Mieux vaut vendre du maïs, sous un soleil dardant, que de voler ou mendier. J'ai opté pour cette activité pour subvenir aux besoins de ma famille, d'autant que cela me permettra aussi une bonne rentrée scolaire», dira Amine, l'un des enfants de la région, lesquels, pour divers prétextes, ne peuvent se réjouir des vertus de la plage pour au moins revigorer un corps chétif, ou encore profiter des sensations procurées par l'aquaparc nouvellement mis en service. A propos de ce lieu de détente et de villégiature, ajoutera Amine : «J'en entends parler, mais pour moi, il reste inaccessible tout bonnement parce qu'en premier lieu, il est très loin de chez moi, un inconvénient auquel il faut ajouter un autre, celui de la tarification appliquée. Je ne peux nullement me permettre une plongée à 600 DA… Très cher pour moi.» Et de continuer : «L'aquaparc ou la plage sont faits pour les enfants issus de milieux huppés et non pour ceux des milieux défavorisés dont je fais partie. Moi, je suis là, cuit à petit feu.» Réalité ou exagération, peu importe. Une chose est sûre, c'est que la loi de la vie exige qu'il y ait des enfants issus de milieux sociaux différents, des enfants chaussés de la dernière marque et d'autres de claquettes en plastique, comme celles de notre interlocuteur. Entre eux et les vendeurs du maïs, le fossé se creuse de plus en plus. En effet, le tableau décrivant le quotidien de ces petits commerçants n'est qu'un simple exemple parmi tant d'autres que l'on rencontre quotidiennement un peu partout, lesquels, selon les recommandations des hautes instances, sont nés pour vivre heureux, sans discrimination aucune. Malheureusement, ces petites silhouettes, très nombreuses, se trouvent livrées à leur propre sort sous le regard d'un adulte censé être le protecteur et le responsable de leur évolution psychomotrice.Somme toute, si Amine et les autres ont opté pour le commerce du maïs sous une chaleur de plomb, il existe aussi une bonne partie d'enfants pour laquelle la déperdition scolaire va de pair avec des conditions de vie aussi déplorables, et pour des raisons d'ordre socioéconomique toujours, s'est retrouvée au bout du compte surexploitée. Des créatures faibles se sont lancées dans des activités commerciales et agricoles au détriment aussi bien de leur présent que de leur avenir, ils réapparaissent notamment lors de chaque saison de cueillette des produits agricoles. Egalement, d'autres bambins se sont investis dans la revente des journaux, du thé, du chewing-gum et du tabac, ils sont fréquents particulièrement au niveau des gares routières. En tout état de cause, leur nombre est en nette augmentation. Ils sont, selon les chiffres avancés par le docteur Khiati, quelque 500 000 à faire le décor de la rue. Donc toutes les composantes de la société sont appelées à condenser leurs efforts dans le but de venir à bout de ce problème.