Ain El Fouara qui a fait la réputation de Sétif a été au cœur de tous les évènements. Même l'anecdote raconte que celui qui a bu l'eau de cette fontaine reviendra un jour ou l'autre à Sétif. En dépit du temps et de ses outrages, cette dame au visage romantique vient de célébrer ses 111 ans et elle a été durant toutes ces années au cœur de tous les évènements. La statut symbolique et flegmatique continue à exercer une extraordinaire fascination sur les Sétifiens , particulièrement les femmes qui lui vouent une grande admiration . Gardée depuis toujours par quatre platanes gigantesques qui trônent de part et d'autre des entrées de la fontaine, cette dernière a bien son histoire qui a commencé un certain 26 février 1898 dans un petit atelier parisien, lorsque le sculpteur Francis de Saint Vidal lui donna un dernier coup de marteau en guise d'ultime retouche avant son grand voyage qui débutera après un bref passage à l'exposition universelle qui a eu lieu à Paris. Au pays de Sid El khier, elle sera installée au cœur de la ville à la place des Calèches au mois de juillet. Très vite adoptée par la population, cette femme à la jarre va devenir une odalisque dont la noria est un lieu de pèlerinage qui ne désemplit jamais. Amie et confidente des Sétifiens, Aïn El Fouara va inspirer tant de poètes et de chanteurs populaires ; elle fera naître bien des rêves, notamment pour la gent féminine, et accompagnera pour toujours l'histoire de cette ville des Hauts- Plateaux. Ce qui est fascinant, c'est qu'elle va devenir un véritable culte dans une ville chargée d'histoire au point où personne ne peut imaginer un jour Sétif sans sa fontaine relique. Le pèlerinage des mariées et de l'ESS qui viennent se désaltérer pour la baraka démontre l'attachement sentimental des Sétifiens à leur fontaine. D'où l'anecdote qui raconte que celui qui a bu de Aïn El Fouara reviendra un jour ou l'autre à Sétif. En la façonnant, Francis de Saint Vidal lui avait-il prédit un pareil destin, lui qui un jour a exprimé le vœu d'assister à son inauguration ? Malheureusement, son désir n'a pas été exaucé par les responsables de la municipalité de l'époque parce qu'ils avaient jugé que sa présence n'était pas nécessaire. C'est donc la mort dans l'âme qu'il a suivi, depuis Paris, l'inauguration d'un monument servant aussi à l'alimentation en eau potable de la population. Les frais de transport de cette fontaine sont évalués à 2650 ff, non compris les frais de débarquement au port de Philippe -Ville (Skikda). La part de la commune pour la réalisation de cette œuvre est de 9000 ff . Le maire dans sa réponse datée du 7 septembre 1897 sous le n° 1940 donne son approbation au directeur des Beaux-Arts, quant au règlement de ce montant après la réception de l'œuvre par la commission des Beaux-Arts et une fois cette dernière revêtue de l'estampille de l'Etat. Le conseil municipal vote alors par autorisation spéciale ce crédit dont l'inscription est régularisée au prochain budget additionnel. Selon les rares informations, Aïn El Fouara aurait débarqué à Skikda début 1898. Transportée sur une charrette, il lui a fallu 12 jours pour arriver à Sétif accompagnée d'une garde champêtre dont la récompense en ce temps-là était de vingt francs. Enfin, pour un étranger à la cité, boire l'eau de Aïn El Fouara, c'est y revenir probablement un jour .