Aïn El Fouara, la statue allégorique, qui constitue avec les vestiges de la civilisation romaine l'une des plus belles œuvres d'art de l'antique Sitifis a été, vendredi 31 mars 2006, agressée, à coups de marteau. « Dopé » avec des psychotropes, un jeune forcené de 26 ans a sans nul doute failli réussir là où la bête immonde avait échoué, un mardi 22 avril 1997. La lâche agression a complètement défiguré (la joue gauche, le nez et la bouche sont fortement abîmés) la mythique Aïn El Fouara qui a, le 28 février 2006 célébré seule et dans l'indifférence totale son 108e anniversaire. Contrairement à l'attentat d'avril 1997, qui a bouleversé les simples citoyens et les officiels ayant mis le paquet pour restaurer, et en 48 heures, cette sublime sculpture. Et malgré la complexité de la tâche, le défi a été tout de même relevé. L'odieux crime du vendredi 31 mars dernier n'a hélas offusqué que certains citoyens ayant pris le problème à bras-le-corps ! Mieux encore, un enfant de la ville Fayçal Ouaret, un architecte-écrivain, a, à travers la correspondance transmise le 14 mars 2006 au wali de Sétif, remis sur le tapis la question de la restauration de la statue, « malade » en certains droits. Sachant que les travaux de réhabilitation aussi sommaires que rapides, effectués en 1997, n'ont fait que rafistoler la progéniture du sculpteur français Francis de Saint Vidal qui doit une nouvelle fois se tordre de douleur là où il est. La statue ayant fait en 1998 l'objet d'une sérieuse expertise, réalisée par un sculpteur, Bordelais, nécessite plus que jamais une restauration des plus fiables. De nombreux ateliers de restauration et copistes d'art, même le célèbre, celui de la Réunion des Musées nationaux de France, installé au Louvre, ont été contactés par notre interlocuteur. Les devis qui ont été transmis à la municipalité de Sétif, « somnolent » dans les tiroirs pour, nous dit-on, une histoire d'enveloppe. « Depuis une année, de l'eau s'échappe des interstices entre les pierres de taille, provoque des dommages plus sérieux à l'assise en pierre. Il est urgent de chercher l'origine de ces écoulements afin de les arrêter. Cela suppose l'enlèvement de la statue pour mettre à nu les parties intérieures des canalisations et trouver les avaries », souligne M. Ouaret considérant la relance de la restauration comme une urgence absolue. Elle doit, à notre sens être une affaire des pouvoirs publics. Connaissant l'estime que lui portent les plus hautes instances de l'Etat, la femme à l'amphore retrouvera, en dépit des « balafres » portées par la pieuvre et les assassins, son visage romantique d'antan...