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Sétif
La magie de Aïn El-Fouara
Publié dans Info Soir le 09 - 07 - 2007

Icône n Supposée détenir des pouvoirs mystiques, la fontaine s'attacha pour toujours le statut de «symbole» de la ville.
Résistant avec autant de vaillance que d'impassibilité aux assauts du temps, parfois aussi à «la bêtise humaine», la belle naïade de marbre ornant «la fontaine monumentale de Sétif», comme on l'appelait à l'époque de son inauguration il y a 109 ans, continue de trôner majestueusement au centre-ville de Sétif entre quatre augustes platanes.
Au fil des années, pour des raisons qui tiennent de la crédulité ambiante qui était de mise au début du siècle dernier dans les rangs d'une population enserrée dans le joug colonial, mais qui s'expliquent aussi par cet étrange besoin d'identification à une icône sacrée supposée détenir des pouvoirs mystiques, la fontaine, qui prit le nom de Aïn El-Fouara, s'attacha pour toujours le statut de «symbole» de la ville.
Aujourd'hui, la seule évocation de Sétif fait immanquablement songer à Aïn El-Fouara et à son eau limpide et magique puisque, dit-on, qui y a bu, y reboira. Si l'été venu, entre l'aurore et le crépuscule, la capitale des Hauts-plateaux tend à somnoler, si ses rues, comme pour prendre l'élan de l'animation tonitruante qui l'agitera lorsque l'astre flamboyant aura «pris ses quartiers», se dégarnissent quand il fait trop chaud, «la fontaine monumentale», elle, n'en finit pas de drainer la foule, du matin jusqu'aux heures les plus avancées de la nuit.
Une foule bigarrée composée de simples quidams en quête d'un peu d'eau fraîche, de voyageurs qui sacrifient au rituel de cette halte mythique, de Sétifiens des quartiers voisins qui remplissent leurs seaux, bidons et jerrycans, d'une flopée de photographes qui proposent l'incontournable photo souvenir à côté de «la belle dame» et d'une multitude de vendeurs de «souvenirs de Aïn El-Fouara» qui cèdent de petites et approximatives répliques en plâtre de la fontaine. L'on aurait pu penser, pourtant, il y a quelques années, quand fut réalisé, au sud de l'agglomération, le contournement qui permet d'éviter aux automobilistes de passage d'avoir à traverser la ville, que «l'effet magnétique» de Aïn El-Fouara s'estomperait.
Or, non seulement, l'attrait des lieux ne s'en est pas trouvé le moins du monde affecté, mais il est loisible de constater qu'il a décuplé.
Trouver, aujourd'hui, pour quelques petites minutes, une place de stationnement pour se rafraîchir, équivaut quasiment à une mission impossible. D'où peut bien provenir cet engouement pour la fontaine de Aïn El-Fouara ? «Sa beauté !», soutient avec sérieux Abdelali B., un jeune étudiant d'une vingtaine d'années, «sa baraka !», rétorque sans rire la vieille Aldjia N., déjà munie du henné qu'elle va appliquer sur les joues de la naïade, «son eau, tout simplement, et le cadre agréable et ombragé créé par les quatre platanes», affirme, pour sa part, Abdelkader C., fonctionnaire flegmatique et poète à ses heures.


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