Dès que l'on quitte la double voie de la RN44 à la sortie sud de la localité de Berrahal pour s'engager à droite sur la route du littoral, on ne peut s'empêcher d'avoir un petit pincement au cœur, si ce n'est un mouvement incontrôlé de recul, même si ce n'est pas la première fois qu'on l'emprunte. Et pour cause. La rase campagne que le véhicule traverse à une vitesse forcement réduite en raison de l'étroitesse et surtout du mauvais état de la chaussée n'augure en rien, en effet, de la beauté du site naturel qui attend le visiteur. La mer est encore loin, à une trentaine de kilomètres de là, et les champs de culture se suivent et se ressemblent, tantôt des arpents de tomates et de pastèques, tantôt des oliviers ou des parcelles minuscules de fourrage. Ce n'est qu'une fois arrivé à hauteur de Sidi Abdallah, exactement à mi-chemin entre notre point de départ et la ville de Chetaïbi, que la végétation change radicalement. Des lauriers-roses et des mimosas par pleins bosquets se mêlent au maquis d'arbousiers, très dense parfois, et viennent border la route sinueuse jusqu'à en grignoter les bas-côtés. Mais ce n'est qu'une fois arrivé à hauteur du Sidi Falkoun, le marabout vénéré de la région, dont le tombeau est niché sur un monticule, et qu'il amorce le grand virage qui se dessine à sa gauche que le nouveau venu sent plutôt qu'il ne voit la grande bleue plus très éloignée. L'air devient plus léger, plus vivifiant. A travers le foisonnement de pins d'Alep, la baie des anges Le hameau de Zaouïa, une agglomération d'habitations de construction récente, et enfin la plaque qui indique l'entrée de la ville côtière. Chetaïbi, dont la vue surprend toujours au moment où la Baie des anges surgit à travers le foisonnement de pins d'Alep qui la surplombent. Un spectacle à couper le souffle. Une anse parfaite au sein de laquelle s'incruste, tel un joyau, la petite ville coloniale aux noms si nombreux. Herbillon, de son appellation sous l'occupation française pour les uns, Tekkouche pour les natifs de la région, alors que l'administration la désigne par son nom actuel, est une perle sans prétention aucune qui vous force à l'aimer dès le premier regard. Réputée pour sa formidable baie et pas seulement, la cité abriterait pour beaucoup d'amateurs le meilleur coucher du soleil, semble-t-il. Louis Philippe et Elizabeth Les plus âgés d'entre les Herbillonnais vous raconteront avec fierté que le roi Louis Philippe de France, qui y a passé un séjour un certain été de 1845 avec sa fiancée la Princesse Elizabeth du Royaume-Uni, a été envoûté par sa beauté. On vous rappellera avec autant de fierté que la baie qui abrite cette ville a été classée à un moment donné comme étant la plus belle au monde. Une affirmation qui a été faite par la radio française au début des années soixante lors d'une émission de jeux très populaire, «Quitte ou double». Le visiteur qui a ses yeux pour voir et juger de la véracité de ces arguments ne peut que confirmer cela. La ville offre ses plages et la convivialité de ses habitants. Un spacieux tapis de sable que lèche la mer en plein cœur du tissu urbain pour le bonheur des familles. Le site de la fontaine romaine, où se mêlent la forêt et la mer et qui est réservé aux campeurs sur la partie est. Un petit port de pêche en contrebas des vieilles maisons aux toits de tuile rouge et d'une carrière de granit désaffectée qui vient agrémenter le paysage de carte postale à l'ouest. Et ce n'est pas tout, car Chetaïbi est bâtie sur une des corniches de l'époustouflante Baie Ouest de la wilaya d'Annaba. Une carte postale de rêve Un site d'une superficie de 357 hectares qui pourrait servir de terrain d'assiette à divers projets touristiques. Des investisseurs qataris, venus pour la première fois en Algérie, il y a une année, auraient confié aux membres de la délégation algéroise qui les accompagnait qu'ils ont été littéralement subjugués par la beauté des côtes algériennes et tout particulièrement la Zet de Chetaïbi, qui est toujours vierge. Ils envisageraient d'y construire des infrastructures touristiques haut de gamme. Des promoteurs espagnols, qui ont eu également le loisir de prospecter plus récemment les possibilités d'investissement dans le tourisme à Annaba, sont sur le point de présenter aux responsables du secteur des projets de partenariat, précisément dans cette région. La wilaya de Annaba a une carte de visite à nulle autre comparable en matière de sites balnéaires, une vingtaine de plage aussi belles les unes que les autres que l'on soit sur la grande corniche de la ville métropole, avec les plages Rezgui Rachid (ex-Saint Cloud) Rizzi Amor (ex-Chapuis), la Caroube, Toche, Aïn Achir, ou encore Oued Boqrat en aval du village de Seraïdi, la station climatique de Djebel Edough qui domine la région tout entière.