La nouvelle équipe dirigeante du Fatah est enfin connue. Au terme d'un congrès houleux, les dirigeants palestiniens de ce mouvement politique ont réaffirmé, avec force conviction, de tout entreprendre pour libérer leur pays de l'occupation israélienne et bâtir un Etat libre et indépendant qui garantisse tous les droits légitimes des palestiniens. Cet objectif relève de l'évidence. Mais il n'est pas superflu de le rappeler tant le drame palestinien perdure depuis plus d'une soixantaine d'années sans qu'une véritable amorce d'un règlement à cette douloureuse tragédie humanitaire ne soit réellement mise en œuvre. Au-delà des dissensions qui ont caractérisé les travaux de cet important rassemblement politique, des désaccords entre les uns et les autres, des accusations de mauvaise gestion et de corruption adressées à certains dirigeants, les observateurs retiennent pour l'essentiel que les congressistes ont clairement exprimé leur volonté «à recourir à la résistance sous toutes ses formes pour recouvrer les droits des Palestiniens». Cette déclaration a, du coup, suscité débat au sein de l'état-major israélien et de ses alliés partout dans le monde, pour en mesurer et évaluer le sens en perspective des éventuels développements que devrait fatalement connaître la région du Proche-Orient. Nouvelle ligne de conduite Les échecs répétitifs enregistrés tout le long de ces dernières années par la direction du Fatah, les multiples entretiens «négatifs sur toute la ligne» entre Mahmoud Abbas et Ehud Olmert, l'ancien Premier ministre israélien, et l'obstination de Tel-Aviv à ne pas afficher la moindre disposition à s'inscrire dans une véritable perspective de paix, imposent impérativement au Fatah une nouvelle ligne de conduite. D'autant que ce parti tient à ne pas se laisser déborder par la marge par le Hamas, l'autre mouvement politique qui compte sur la scène palestinienne. A ce jour, faut-il le rappeler, Israël continue, avec arrogance et suffisance, à étendre ses colonies, à parquer la population de la bande de Ghaza dans une immense prison à ciel ouvert et à autoriser avec parcimonie et selon son bon vouloir l'acheminement des denrées indispensables à la survie des habitants de cette région. Ce pays, fort du soutien des Etats-Unis, de la majorité des pays européens et du puissant lobby international médiatico-financier, a de tout temps bénéficié d'un traitement privilégié qui l'autorise à massacrer du palestinien en toute quiétude sans susciter tant au niveau des instances internationales, des gouvernants occidentaux et de la communauté internationale la réaction énergique face à des actes bafouant le droit. Pourtant et pour des motifs bien moindres, ces derniers déploient instantanément la «grosse artillerie» pour rappeler à l'ordre les pays «récalcitrants» sous peine de lourdes sanctions. Mais cela est une autre histoire. Des jeunes délégués Seul candidat en lice, Mahmoud Abbas réélu, à main levée, à la tête du Fatah aura à relever plusieurs défis. Outre la mission historique de mener la Palestine à l'indépendance, il aura en parallèle à déployer de gros efforts pour réconcilier les représentants des différents courants qui traversent son parti et «recoller» les morceaux avec le Hamas pour favoriser l'émergence d'un gouvernement d'union nationale. La direction du Fatah, issue de ce congrès qui a regroupé plus de 2500 délégués et dont les dernières assises remontent à 1989, accueille en son sein, pour la première fois, de jeunes délégués qui prônent une politique «plus vigoureuse» et autrement «plus convaincante» pour arracher les droits légitimes des Palestiniens. Le comité central du mouvement regroupe ainsi quinze nouvelles figures qui ont poussé vers la porte de sortie la vieille garde du Fatah, à l'exemple de l'ancien Premier ministre, Ahmed Korei. A l'inverse, Mohammed Dahlan, ancien chef des services de sécurité, Djibril Radjoub, responsable de la sécurité préventive, et Marouane Barghouti, une personnalité marquante de la résistance palestinienne, de surcroît emprisonné dans une geôle israélienne, décrochent pour la première fois un siège au sein de cette instance. Barghouti, qui était en charge du secrétariat général du Fatah en Cisjordanie avant son arrestation, est par ailleurs considéré par de nombreux militants du mouvement comme un successeur potentiel à Mahmoud Abbas, d'autant qu'il jouit d'une forte popularité parmi la population palestinienne. La composante du conseil révolutionnaire, qui regroupe 120 membres auxquels s'ajoutent 20 autres désignés parmi les 11 000 prisonniers palestiniens détenus par Israël, devrait en outre servir de soutien à la politique que compte développer la direction du Fatah issue de ce congrès. Celle-ci devrait débuter, soutiennent les observateurs, par la «réconciliation» avec les dirigeants du Hamas afin d'empêcher Israël de récolter les dividendes que lui procure cette lutte fratricide. Pour faire front commun devant le même ennemi.