Le sixième congrès de Fatah, le Mouvement national palestinien de libération que dirige Mahmoud Abbas, s'ouvrira aujourd'hui à Bethlehem en Cisjordanie sans la présence des 450 délégués de Ghaza « interdits » de sortie de la bande par Hamas qui exige au préalable la libération de ses 900 prisonniers. Ce congrès, le premier qui se tient en Palestine occupée, pourrait permettre à Fatah de reprendre avec le slogan du «rameau d'olivier et du pistolet» prôné par feu Yasser Arafat et exacerber le bras de fer avec le mouvement islamiste. Pas moins de quatre réunions de réconciliations entre les membres dirigeants du parti ont été organisées à Ramallah par le contesté Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, avant ce rendez-vous de trois jours, le premier depuis celui de Tunis en 1989. Selon la presse palestinienne, Fatah, qui est à un tournant de son histoire, pourrait adopter une nouvelle plate-forme politique. Il réaffirmerait sa volonté de créer un Etat palestinien dans les frontières de 1967, sa proclamation unilatérale pourrait être faite, son refus de reconnaître Israël comme Etat juif, pour «protéger les droits des réfugiés palestiniens» qui attendent «une solution juste basée sur les résolutions internationales». Cette volonté de reprendre l'initiative sur le terrain pas seulement face à Hamas mais aussi face aux Israéliens dont 43 % sont opposés à toute évacuation de colonie dans le cadre d'un accord de paix selon un sondage de l'Institut israélien de la Démocratie, publié hier, serait accompagnée du «droit du peuple palestinien à la résistance contre l'occupation, y compris la lutte armée». Affaibli par Hamas qui a été poussé par les Américains à chercher l'affrontement avec Fatah et la guerre de décembre 2008-janvier 2009 contre Ghaza qui l'a «forcé» à un silence calculé face, Abbas, l'interlocuteur privilégié des Occidentaux qui a misé mais en vain, sur les négociations de paix, souhaite, renouveler par les 2.260 délégués les 21 membres du Comité central et les 120 du Conseil Révolutionnaire et adopter un nouveau programme politique du parti miné par la corruption, obtenir un soutien franc à sa politique de négociations avec les responsables israéliens qui ont tué les chances d'une éventuelle paix en expulsant deux familles palestiniennes de leurs domiciles à El Qods occupée, au mépris du droit international, une alternative à Hamas qui a brocardé son mouvement aux municipales de 2005 et législatives de 2006. Missions quasi impossibles. Outre le spectre des affrontements interpalestiniens de l'été 2007, le massacre des Ghazaouis au phosphore de janvier dernier qui plombent les tentatives de réconciliation entre son mouvement et Hamas, Abbas dont le mandat de président de l'Autorité palestinienne a expiré depuis janvier, doit répondre avec Mohammad Dahlane, le «chouchou» des Américains à Farouk Kaddoumi, l'un des fondateurs du Fatah. Il les a publiquement accusés d'avoir participé, en 2004, à une réunion avec des dirigeants israéliens et américains, en vue d'empoisonner Yasser Arafat. Cette accusation qui pourrait avoir des conséquences sur l'unité du Fatah a été déjà formulée par les médecins palestiniens, égyptiens et tunisiens qui ont consulté Arafat avant son départ pour l'hôpital Percy de Clamart, à Paris, le 29 octobre 2004, soit 13 jours avant son décès. La remise en ordre de marche du mouvement palestinien, plus divisé que jamais, ne semble pas pour sitôt.