Les angines ne sévissent pas qu'en l'hiver, l'été aussi a son lot d'apparition de cette pathologie, plus difficile à vivre à cause de la chaleur qui s'ajoute à un état déjà fébrile. Les grandes chaleurs qui accompagnent la saison nous obligent à changer nos habitudes, comme recourir aux glaces et boissons fraîches pour se désaltérer et s'exposer à la fraîcheur d'un climatiseur ou aux courants d'air pour trouver le sommeil. Ce qui ne manque pas de générer des troubles aux gorges fragiles ou aux plus jeunes, difficiles à surveiller. Bien que son apparition demeure minime par rapport aux pharyngites, insolations, coups de chaleur et gastro-entérites, les «bobos» les plus fréquents durant la saison estivale, l'angine n'a rien d'inquiétant, selon le docteur Yamoun, de l'hôpital d'El Kettar. Qu'elle soit virale ou bactérienne streptococcique, l'angine se manifeste par une inflammation aiguë de la gorge et des amygdales. On parle d'amygdalite lorsque l'inflammation prédomine sur les amygdales et de pharyngite lorsque l'inflammation est plus étendue. Le problème majeur devant une angine est de savoir si elle est due ou non au streptocoque béta-hémolytique du groupe A, responsable de complications ultérieures cardiaques, dont le rhumatisme articulaire aigu ou RAA et rénales, la glomérulonéphrite aiguë ou GNA, cas où le traitement antibiotique s'impose. Cette angine dite «blanche» est une angine érythémato-pultacée, mot compliqué qui signifie simplement que la gorge est rouge et blanche à la fois. «Les amygdales se trouvent parsemées d'un enduit pultacé blanc grisâtre.» Pour les deux formes d'angine, les germes en cause sont les mêmes et les symptômes identiques : l'enfant a mal à la gorge, a du mal à avaler, de la fièvre et se sent mal. Il a parfois aussi mal à la tête et aux oreilles et il arrive qu'il vomisse, ce qui ajoute à la crainte des parents qui songent vite au spectre de la méningite. De leur côté, les médecins, de peur d'un faux diagnostic, préfèrent effectuer une ponction lombaire. Les angines qui touchent les enfants sont généralement d'origine virale, à l'exemple de l'herpangine qui survient chez l'enfant de moins de 7 ans par petites épidémies estivales. Son début est souvent brutal et la température peut atteindre 39°C. Elle se manifeste par des vésicules sur le voile du palais et les piliers qui, lorsqu'elles éclatent, laissent des petites exulcérations dans la gorge.
«Les antibiotiques, c'est pas automatique» Le traitement des angines a deux objectifs, d'une part soulager les symptômes liés à l'infection des amygdales et du pharynx (douleurs à la déglutition, fièvre...) et d'autre part, prévenir les complications que peuvent entraîner les angines d'origine bactérienne. De ce fait, la prise en charge sera tout à fait différente selon que l'angine est due à un virus ou à une infection bactérienne. Dans le premier cas, un traitement symptomatique suffit. Dans le second, des antibiotiques sont nécessaires pour éviter la survenue de complications. Si l'angine est virale, les antibiotiques sont au contraire inutiles. Un test simple permet de faire la différence entre ces deux types d'angine au cabinet du généraliste. Depuis quelques années, les médecins disposent de tests de diagnostic rapide (TDR) de l'angine à streptocoque du groupe A. Faciles d'emploi, ils permettent de savoir en 5 minutes si l'angine est liée au streptocoque. Pour cela le médecin réalise un prélèvement, en passant un écouvillon (bâtonnet recouvert de coton) sur l'amygdale, envoyé en laboratoire, en attendant la méthode rapide, en vigueur ailleurs et qui consiste à plonger l'échantillon dans un réactif. La pratique d'un TDR est recommandée pour tous les enfants à partir de trois ans en cas d'angine rouge érythémateuse ou à points blancs érythémato-pultacée. Avant trois ans, le test est inutile car les angines sont presque toujours virales. Chez l'adulte, il n'est réalisé que si les signes cliniques laissent un doute sur l'origine de l'angine. En effet, si une toux est présente, s'il y a peu ou pas de fièvre, et pas de ganglions, l'origine virale est très probable et le test n'est pas nécessaire. Lorsque le TDR est négatif, cas d'angine virale, le traitement repose sur un médicament contre la douleur et la fièvre. Le paracétamol est préférable parce qu'il est mieux toléré, mais il est possible de prendre également un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) ou de l'aspirine, en sachant que cette dernière est déconseillée chez l'enfant en cas de maladie virale. Des complications, certes exceptionnelles, ont été décrites, comme le syndrome de Reye dont la cause demeure inconnue. Un lien, cependant entre l'utilisation d'aspirine ou d'autres salicylés chez des enfants et adolescents âgés de moins de 18 ans atteints d'une maladie virale telle l'influenza (grippe), la varicelle ou le rhume, a permis d'arriver à ce constat et par conséquent de déconseiller l'usage de l'acide acétylsalicylique (aspirine). Ces médicaments ont uniquement pour but d'améliorer le confort, le temps que les symptômes disparaissent d'eux-mêmes. Ils peuvent donc être arrêtés dès apaisement.
D'autres formes d'angine Certaines causes plus rares d'angine méritent une attention particulière. La mononucléose infectieuse dont le virus en cause est l'Epstein-Barr qui reste dans l'oropharynx, la partie supérieure du pharynx pendant dix-huit mois, avant d'être excrété de façon intermittente par tous les patients en l'absence de toute manifestation symptomatique. Cette maladie infectieuse d'origine virale entraîne une fatigue associée à une fièvre, des ganglions et une pharyngite. Elle est également appelée maladie du baiser ou maladie des fiançailles, parce qu'elle se transmet le plus souvent par la bouche. Il est probable que le virus se transmette également par aérosol, à travers les gouttelettes en suspension dans l'air ou par voie indirecte. La mononucléose infectieuse touche aussi bien les hommes que les femmes, mais on la trouve plus fréquemment chez les jeunes dans environ 70 % des cas. Le pic d'incidence de la mononucléose infectieuse se situe entre 14 et 16 ans pour les filles et entre 16 et 18 ans pour les garçons). La fréquence est d'environ 50 cas pour 100 000 habitants. L'angine de Vincent, tout à fait rare, est liée à des bactéries anaérobies. Elle touche souvent des adultes jeunes en mauvais état général et entraîne une ulcération très douloureuse. Le traitement repose sur des antibiotiques. Elle s'associe souvent à une mauvaise hygiène buccodentaire. Le diagnostic se fait par examen bactériologique des prélèvements de gorge et le traitement repose sur une antibiothérapie par pénicilline V sur une durée de 10 jours. Les amygdalectomies partagent les praticiens Autrefois assez fréquente, l'ablation des amygdales n'est réalisée aujourd'hui que dans quatre cas : lorsque les amygdales très hypertrophiées gênent la respiration, que les angines sont si fréquentes et graves qu'elles ralentissent la croissance de l'enfant ou entraînent un retard scolaire, en cas d'amygdalite chronique chez l'enfant, c'est-à-dire lorsqu'un état inflammatoire persiste entre les angines, malgré un traitement adapté, et enfin en cas d'angine streptococcique entraînant des complications générales (rhumatisme articulaire aigu ou atteinte rénale). Les amygdalectomies continuent à diviser les praticiens entre pour et contre cette intervention, les opposants considérant les amygdales comme une barrière de défense des voies aériennes supérieures.