Naturellement les soucis sont différents qu'il s'agit d'hommes ou de femmes ou d'habitants des villes ou des villages. Ce qui les réunit toutefois, c'est l'envie de passer une période et surtout des traditions qui font le charme du ramadhan. Elles sont également la particularité de la région. Laouziaâ contre la cherté et la pauvreté Depuis des années, de longues années même, une habitude s'est ancrée dans les villages de la wilaya, une habitude qui entre en droite ligne dans les traditions de solidarité du peuple algérien. A deux jours du mois sacré «Laouziaâ» est organisée. Chaque village prépare la sienne selon les moyens financiers collectés. Un veau ou plus est acheté. La viande ainsi recueillie est divisée en parts égales pour toutes les familles. Ces parts sont disposées sur un champ devenu l'espace d'une journée celui de la solidarité et de l'entraide. Mais plus qu'une opération de distribution de viande aux pauvres et aux riches, Laouziaâ est une fête locale. Les grands et les petits se rencontrent et renforcent leurs liens de voisinage. Les petits apprennent à aimer leurs proches. Les bonnes traditions s'ancrent dans leurs têtes. Ce n'est pas pour rien que les enfants du village qui sont partis tiennent à assister à l'opération qui leur permet de renouer les liens avec leurs amis et proches. D'ailleurs cette tradition se conjugue au présent. On annonce la tenue d'une cérémonie similaire dans la commune d'El Maien. Le fric et le fric Mais la viande n'est pas le seul élément nécessaire. Il ya le piment et surtout le fric sans lequel aucune meïda n'est valable. C'est à ce moment-là que les femmes entrent en compte. Car pour toute Bordjienne qui se respecte, le fric doit être séché puis broyé pour donner son goût légendaire. Le piment et autres ingrédients importants subissent la même opération. L'essentiel c'est de se préparer à l'avance, une préparation qui va du nettoyage de la maison au renouvellement de la vaisselle en passant par l'approvisionnement en ingrédients. Naturellement les marchés sont bondés à l'occasion. Si les hommes sont portés sur les fruits et légumes, les femmes choisissent la vaisselle et surtout un bon tadjine. Leurs achats déterminent ce qui va arriver le jour du ramadhan. El matlouaa et la chlita essentiels sur la meïda Pour beaucoup de Bordjiens, le ramadhan ne serait pas le même si el matlouaa et la chlita n'étaient pas sur la meïda. Le bon tadjine fait la bonne galette appelée localement matlouaa dont la forme est la même dans toutes les maisons. Les cuisines deviennent de véritables fours pour préparer les quantités nécessaires. La chlita composée de poivrons et de tomates est également très prisée. Ce n'est pas pour rien que les prix de ces produits connaissent une hausse vertigineuse. Un Jijelien à Bordj Bou Arreridj Pour terminer le f'tour il n'y a pas mieux qu'une bonne zlabia. Les Bordjiens sont très friands de ce gâteau oriental. Mais le meilleur pour en faire, est pour eux le Jijelien. Il suffit de prononcer ce mot pour que l'envie se manifeste. Ce qui explique la longue chaîne devant ce restaurateur, même après le f'tour. D'aucuns passent de longues minutes pour ne pas dire heures à attendre pour être servis pour faire plaisir aux membres de la famille et aux invités. Autant dire que le Jijelien est devenu un signe distinctif de la région surtout pendant le ramadhan. La famille, c'est sacré Après un bon repas, hommes et femmes se donnent rendez-vous pour des visites familiales qui font l'essentiel des soirées ramadhanesques. C'est vrai que les spectacles organisés à la maison de la culture commencent à entrer dans les mœurs. Mais ces visites restent importantes pour les mêmes raisons que Laouziaa, des traditions permettant le raffermissement des liens. Sitôt la prière des taraouih pour les uns et ménage terminé pour les autres, de longues files se forment dans tous les sens créant une animation certaine. Bordj Bou Arreridj est connue pour être un centre commercial et culturel. Pour l'instant, on n'en est pas encore là. Les préparatifs prennent tout le temps et l'espace sans oublier les esprits. Rendez- vous après le marché. Il paraît que les prix sont élevés. La chlita sera chère cette année. Bon ramadhan à tous.